Le collectif des souscripteurs LPPcompte tenir une réunion pour décider des suites à donner à ses doléances, alors même que le directeur général adjoint de l’ENPI a rejeté sa demande de révision des prix et de crédits bancaires à taux 0. Entre-temps, le ministre de l’Habitat a annoncé hier la mise en place d’un cadre juridique pour ce programme.

-Vous organisez prochainement une nouvelle réunion pour faire le point sur les doléances présentées par le collectif des souscripteurs. Alors que les dossiers de demande ont été déposés il y a moins d’un an, il y a déjà des problèmes…

Il s’agit de la sixième réunion du genre. Cette fois-ci, nous débattrons des réponses du directeur général adjoint de l’Entreprise nationale de promotion immobilière. Ce dernier, qui nous a reçus le 18 juin dernier après plusieurs demandes d’audience avec le directeur général, a été catégorique : il n’y aura pas de révision à la baisse du prix du logement, ni de suppression du taux d’intérêt pour les crédits bancaires. Seul point positif de cette première rencontre : la volonté de mettre en place, avant la fin de l’année, soit avant le paiement de la deuxième tranche, un cadre juridique pour cette formule du LPP.

Car le vide juridique inquiète les souscripteurs. Le seul texte existant est un cahier des charges, que nous avons d’ailleurs étudié et décortiqué pour découvrir que finalement nos logements ne diffèrent en rien de ceux du LSP ou de l’ADDL, à l’exception de quelques mètres carrés de plus. Aujourd’hui, nous discuterons des résultats de la rencontre pour laisser la parole aux souscripteurs et je n’écarte aucune option, probablement des sit-in, des rassemblements… Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Il s’agit de notre projet, nous y avons mis de l’argent et il doit réussir.

-Vous demandez, entre autres, la révision du prix du mètre carré. Mais au moment où vous avez déposé votre dossier de demande, ne saviez-vous pas combien vous alliez payer ?

Si, l’information sur le prix avait été clairement annoncée : il était fixé à 50 000 DA maximum le mètre carré. Mais après le dépôt de dossier et la convocation pour le paiement de la première tranche, nous avons appris que le mètre carré était de 80 000 DA ! Un F3
(80 m2) est vendu à 6,5 millions de dinars, un F4 (100 m2) à 8 millions, un F5 à 10 millions. Un prix par ailleurs applicable dans tout le pays, ce qui est complètement aberrant. Est-il normal qu’un logement à Chéraga coûte le même prix que dans une commune de Djelfa ou de Laghouat ? Pour le prix d’un F3 à Alger, il est possible, dans le Sud, de s’offrir une villa.

C’est à Alger que le plus grand nombre de demandes de LPP a été enregistré. Il y a eu 33 000 souscripteurs dans tout le pays, dont 23 000 à Alger. Ailleurs, ils estiment que c’est inaccessible. Autre détail : la formule LPP est destinée aux cadres ayant un revenu allant de 18 000 à 215 000 DA par ménage. Selon le sondage que nous avons lancé sur notre site, la majorité des souscripteurs déclarent gagner au maximum 120 000 DA par mois. Le directeur général adjoint qui nous a reçus nous a promis du matériel de qualité, mais cela ne suffit pas. Le haut standing, tel que nous l’avons constaté sur le cahier des charges, ne justifie pas le prix. Par exemple, il est prévu un emplacement pour le chauffage : cela veut dire que nous installerons nous-mêmes un chauffage au gaz naturel. Or, dans les normes des hauts standings, le promoteur est censé installer une climatisation centralisée.

-Le ministère de l’Habitat a déclaré avoir engagé des discussions avec le ministère des Finances pour une révision à la baisse du taux d’intérêt appliqué aux crédits bancaires contractés par les souscripteurs de ce programme…

Je tiens à dire qu’il n’y a jamais eu de discussions entre les deux ministères. Le ministère de l’Habitat se cache dernière le fait qu’il n’est pas habilité à trancher ce genre de décision et que seul le ministère des Finances peut en décider. Actuellement, le taux d’intérêt est bonifié
à 3%. Les souscripteurs demandent 0%. Non seulement le prix du logement est excessif, mais le taux d’intérêt est également élevé. Nous sommes des cadres de l’Etat, soit le moteur de la croissance économique, et si notre pouvoir d’achat est tué, c’est toute l’économie nationale qui est touchée. Nous demandons la suppression de ce taux d’intérêt ou l’établissement d’un échéancier pour le remboursement. Je me demande également quelle formule sera appliquée pour les fonctionnaires proches de la retraite ?

-Et si l’Etat vous proposait de revoir le cahier des charges tout en maintenant les prix des logements et les taux d’intérêts, quelle serait votre réponse ?

Tout peut se discuter. Il faut seulement que l’ENPI sache que nous ne pouvons pas payer ce prix dans la mesure où, finalement, il ne s’agit pas de logement haut standing. Les familles qui viennent d’être relogées et qui ont obtenu leur logement gratuitement dans le cadre des logements sociaux ont trouvé le moyen de se plaindre ! Nous, souscripteurs du LPP, où de grosses sommes d’argent ont été versées, nous n’arrivons pas à nous faire entendre !

-Vous dénoncez par ailleurs la cadence trop lente d’avancement des chantiers et l’absence d’informations sur l’ensemble des sites. Les LPP sont donc confrontés aux mêmes problèmes que l’AADL…

Depuis juillet 2013, date du lancement du programme, les travaux n’ont toujours pas débuté. A l’exception du site de Ouled Fayet et de Sidi Abdallah, où la zone est clôturée, nous n’avons aucune information sur les autres sites. D’ailleurs, le site de Ouled Fayet est à l’arrêt depuis le départ de la société portugaise chargée de la réalisation. Nous exigeons de la transparence sur ce projet. Au paiement de la première tranche, un reçu nous a été délivré alors que nous aurions dû recevoir un contrat de réservation de logement (étage, type de logement…). Ce n’est qu’au moment de payer la deuxième tranche (avant la fin de l’année) que nous recevrons des contrats de pré-affectation. Mais rien n’est clair : nous ne savons pas dans quel site nous serons affectés et quel type d’appartement nous sera donné.

Or, dans la mesure où c’est un logement promotionnel que nous sommes capables de payer nous-mêmes, nous exigeons que notre choix soit pris en considération. Nous voulons la réussite de ce programme, c’est notre projet, et nous demandons seulement à l’Etat de nous aider. La récente déclaration du ministre de l’Habitat depuis Oran selon laquelle il y aurait «du parasitage autour de ce programme» nous a beaucoup inquiétés. Nous voulons savoir qui sont ces gens qui veulent saboter le projet. Nous restons tout de même une force de proposition et nous voulons donner le meilleur exemple de la gestion participative. Nous sommes une partie prenante de ce programme. Pour le moment, les délais de réalisation étant de 36 mois maximum, il est impossible que les logements soient livrés à temps.

-Quatre critères universels déterminent le type de standing : l’environnement du logement (le quartier, la présence d’espaces verts…), la sécurité du bâti, la qualité (parties visible et invisible) des matériaux, le confort et les garanties et assurances des ouvrages. Dans le cas des LPP, à quel type de standing vous attendez-vous ?

Il est question de R+16. S’agit-il de haut standing ? Si l’on parle de haut standing, il doit y avoir deux issues de sortie, mais aussi un éclairage moderne à l’ouverture de la porte, un réseau anti-incendie, pas de gaz de ville… Dans le cahier des charges, nous n’avons rien vu de tel. Nous restons toutefois intransigeants sur d’autres critères liés à l’environnement et à la sécurité, que nous estimons nécessaires, comme le gardiennage et les clôtures.

Source: El Watan

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1 COMMENTAIRE

  1. en consultant les sites lPP j’ai pu constaté qu’un entrepreneur, que je connais bien, n’est ni ingénieur ni architecte et n’a même pas le niveau secondaire. Même son entreprise n’est pas assez importante pour réaliser ce type de logements de haut standing (moyens humains et matériels convenables).

    à cet effet, j’espère qu’il va y avoir des critères bien définis pour sélectionner e les entreprises de réalisations pour que la catastrophe de Boumerdes ne se répèterait pas.

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