Faisabilité
Les deux chambres du Parlement viennent d’adopter le plan d’action du gouvernement Sellal. Ce programme définit une série de priorités et d’objectifs : amélioration des conditions de vie de la population, amélioration du service public, amélioration du climat des affaires, lutte contre la corruption, 1,6 million de logements dont 630 000 logements AADL, 7% de croissance par an. Un ensemble d’actions dont la finalité est l’érection d’une économie émergente, productive, moins dépendante de la rente pétrolière.
Une série donc de mesures positives sont prévues au bénéfice des citoyens. Côté gris, le plan d’actions pose le problème de sa faisabilité. En effet, il programme une multiplication de dépenses dans un contexte d’incertitudes sur l’évolution des recettes d’hydrocarbures du pays. D’autant que les niveaux des dépenses budgétaires et d’importations ont déjà atteint des seuils insoutenables en 2013. Faut-il alors casser la tirelire pour respecter les engagements du président de la République ? En un mot, recourir au Fonds de régulation qui reste le principal amortisseur en cas de retournement du marché pétrolier. Si cette garantie de la sécurité financière venait à sauter, ceci obligerait les citoyens à se serrer la ceinture. On serait en plein dans l’instabilité sociale et politique.
Tout laisse à penser dans ce dossier que les difficultés du pays sont appréhendées par le mauvais biais. Force est de souligner qu’on ne pariera pas un dinar sur les chances de succès de ce plan si les freins à sa mise en œuvre ne sont pas levés : le poids de l’informel, les limites de l’outil de réalisation national, les insuffisances en matière de capacités d’étude, d’expertise, d’ingénierie et de management des projets, la corruption dans les marchés publics. En un mot, la priorité des cinq prochaines années réside plutôt dans la mise en œuvre de mesures destinées à assurer une plus grande efficacité dans les dépenses, à accélérer l’émergence d’une industrie de substitution aux importations, à réindustrialiser le pays. La priorité des priorités est également dans l’accroissement des recettes du pays via un plus grand dynamisme du secteur pétrolier dévitalisé par la fuite des cadres, les problèmes de relève et d’ouverture aux meilleures compétences du pays.
Par ailleurs, l’Algérie ne pourra accélérer son développement en présence de plusieurs positions dogmatiques de nos gouvernants. Le premier dogme est le rejet d’un fonds souverain alors qu’on pourrait réserver 10% à 20% de nos réserves de changes dans l’acquisition de sociétés à l’international qui pourraient nous procurer le savoir-faire qui nous manque dans les nouvelles technologies des télécommunications, le solaire, les biotechnologies et l’industrie. Le second dogme est le 51/49 maintenu en dépit du consensus des experts. Ces spécialistes nous disent que le 51/49 s’applique dans les secteurs stratégiques : énergie, télécommunications. Dans d’autres branches, ce ratio n’est pas pertinent. En quoi un hôtel détenu à 100% par une société étrangère peut gêner l’essor de l’économie algérienne ? Au contraire, cet investissement crée de l’emploi en Algérie. Enfin, la bureaucratie a encore la peau dure. Pour preuve, alors que l’Algérie connaît un chômage très élevé chez les jeunes, certaines wilayas bloquent des milliers de projets. La question qui revient et qui renvoie aux chances de succès de ce plan est de savoir si le système veut changer. La majorité des observateurs de la scène politique algérienne en doute.
Source: Liberté

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