AADL. C’est sans doute le sigle le plus connu et forcément le plus populaire en Algérie après ceux de l’ANP, du FLN et peut-être du DRS. L’Agence algérienne pour le développement du logement incarne l’espoir pour des millions d’Algériens en quête d’un toit.
Créée sous la présidence de Liamine Zeroual, cette structure dédiée à la supervision des programmes de construction de logements selon la formule location-vente connaît plus d’une décennie de gloire.

Mise au placard au milieu des années 2000, malgré son grand succès populaire auprès des couches moyennes, le président Bouteflika a dû la remettre en service en 2012 pour servir de machine de mobilisation politique. Le logement étant un appât à très forte valeur ajoutée électorale, la relance de l’AADL et ses logements à la portée de beaucoup d’Algériens allait servir la cause d’un quatrième mandat difficile à vendre.
Le rappel de Abdelmadjid Tebboune, dont le nom est associé à la success story de cette aventure, soulignait à grands traits le soubassement politique d’une entreprise qui se voulait sociale.

Depuis 2012, tous les chantiers à l’arrêt pendant de nombreuses années sont relancés comme par enchantement. Les promesses reprennent de plus belle à coup de campagne de communication soutenue du ministre, qui a réussi à redonner espoir à ceux qui n’y croyaient plus. Le candidat Bouteflika pouvait alors décliner son virtuel million de logements pour un 4e quinquennat, alors même qu’il n’a pu le réaliser durant le précédent. Il faut dire que son ministre n’a pas lésiné sur la rhétorique pour convaincre des milliers d’Algériens de pouvoir les loger rapidement par la formule magique de location-vente remise au goût du jour.

Mais c’est assurément un peu trop pour un ministre, fut-il compétent, de s’engager sur le terrain glissant du logement, sujet à toute sorte d’impondérables endogènes et exogènes. Comment garantir en effet des appartements à plus de 400 000 nouveaux demandeurs dûment inscrits et ayant payé la première tranche, dont 200 000 uniquement au niveau de la capitale ? Un vrai chantier d’Hercule que ni la bonne foi de Tebboune ni les capacités de réalisation anecdotiques ne peuvent mener à bout.

Le fait est que les souscripteurs de 2001 vont se rassembler aujourd’hui devant l’Agence pour réclamer leurs logements ! Or le ministre a promis de livrer quelque 90 000 unités à la fin de l’année pendant que les estimations les plus optimistes tablent sur 25 000 logements réceptionnés. Alors, forcément, il va y avoir de la colère risquant de déborder des murs du siège de l’AADL, devenu un ersatz d’OPGI et d’EPLF qui fonctionne selon les normes «maison».

Comment prendre au sérieux le ministre, quand il déclare solennellement que «la crise du logement sera réglée en 2018», alors qu’il n’arrive pas à loger les malheureux bénéficiaires du programme AADL 2001 ? La réalité est que ce sigle jadis racoleur a perdu de sa superbe à force d’être investi d’une lourde fonction politique pour suppléer le désastre économique.

Ironie du sort, le seul développement à mettre aujourd’hui à l’actif de cette agence est d’avoir fait des «petites» au niveau régional. Cela ferait sûrement plus de fonctionnaires mais pas forcément plus de logements.

 

Source : Elwatan

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