Sur le document envoyé par l’AADL, il est précisé que l’intéressé doit se présenter dans les 8 jours à une agence, au risque de voir son dossier «annulé».

Un simple bout de papier qui ouvre tellement de perspectives.» Yacine est heureux : il a reçu une convocation de l’AADL, qui l’invite à retirer un ordre de versement. Comme lui, ils sont des milliers à devoir se présenter dans une agence AADL, et ce, afin de payer la première tranche de leur futur logement. Et c’est le branle-bas de combat dans de nombreux foyers afin de s’acquitter, dans les temps, de ce premier pas vers l’acquisition d’un logement dans le cadre de la location-vente. Et ce, même si les délais sont, selon certains, un peu courts, surtout lorsque l’on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. «Je n’ai reçu la convocation que l’avant-veille du jour du rendez-vous», explique un souscripteur, qui ajoute que, sur le document, il est précisé que l’intéressé doit se présenter sous 8 jours à l’AADL, au risque de voir son dossier «annulé».

Pour la plupart, il est hors de question de rater ce rendez-vous, le jour J. Quitte à s’absenter de son travail, à y arriver en retard ou à chambouler son programme du tout au tout. «J’ai dû prendre un jour sans solde, mais je l’ai fait sans regret», sourit d’ailleurs Yacine, récemment marié. «C’est un espoir qui se concrétise, un rêve que l’on touche du bout des doigts. Surtout que la plus grande partie de mon salaire est absorbée par les loyers que je paie actuellement. Même si la remise des clés ne se fera qu’à long terme, c’est déjà la perspective, et même la certitude, qu’un jour, ça ne sera plus le cas», ajoute-t-il, soulagé, et aussi quelque peu ému. Le jeune homme ressort plutôt satisfait de son rendez-vous. «Je m’attendais à subir des heures d’attente et la cohue de queues interminables. Mais ça a été relativement rapide», se justifie-t-il. En fait tout dépend.

A raison d’une moyenne de 1000 convoqués par semaine, une certaine pression peut se faire ressentir sur quelques grands centres, même si l’opération se déroule globalement dans la «fluidité». D’autant que le déroulement même de l’entrevue avec le préposé en charge des souscripteurs est simple : «Vous lui remettez votre convocation, il vous fait lire et signer un engagement, vous nomme les sites dégagés pour les cités AADL et ceux qui sont envisagés, et vous remet l’ordre de versement en vous expliquant la procédure à suivre», énumère Samia.

Elle ajoute qu’il vous est donné un délai de 15 jours pour payer dans une agence CPA, effectuer des photocopies légalisées du reçu et de l’ordre de versement, et envoyer ces deux documents originaux à l’agence AADL. Mais la gageure reste de réunir rapidement la somme demandée, 210 000 DA pour un F3 et 270 000 DA pour un F4, soit 10% du prix total de l’appartement, dont 25% devront être payés par le souscripteur. Pour ce point aussi d’ailleurs, les interrogations sont légion.

Questions sans réponse et doutes

«On explique que les célibataires et les familles de moins de 3 enfants n’ouvrent droit qu’à un F3, et ce, indépendamment de leur volonté ou de leurs moyens pécuniaires. Pour prétendre à un F4 il faut avoir 3 enfants ou plus», s’étonne un jeune père de famille. De même, certains ne comprennent pas que l’on ne laisse pas aux acquéreurs le choix de l’emplacement de leur futur appartement. «L’employé m’a affirmé qu’à leur niveau, de nombreux points restent sans réponse. Pour ce qui est des sites retenus par exemple, des modalités de paiement de la deuxième tranche, ou encore de la remise ou non de décisions de pré-affectation», déplore une jeune femme.

«La situation est quand même surréaliste. Vous versez une somme, plutôt coquette, sans n’avoir rien de concret, ni sur l’emplacement de votre futur appartement, ni sur la date de réception, ni aucune autre information, et sans recours s’il devait advenir le pire», s’inquiète Samir, citant le cas de l’AADL 2001-2002, «hantise et traumatisme de tous les souscripteurs». Alors, entre bonheur, espoir doute et scepticisme, on est dans l’expectative. Mais on s’exécute, conscient de la «chance» d’avoir été convoqué, parmi des centaines de milliers de personnes qui attendent toujours. «Même si j’avais hésité, mon entourage m’aurait obligé à y aller et à payer ! Il y a d’ailleurs eu une sorte de ‘‘mobilisation’’ autour de moi pour me permettre de tout régler. Un logement, ça ne se refuse pas !» s’exclame le jeune Toufik.

Car, comme tout ce qui a trait au logement, l’AADL c’est aussi, quelque part, une sorte de «cause nationale» de «solidarité» et de «lien sociétal». «Ça a commencé par le facteur, qui, en apportant la convocation, pourtant cachetée, s’est exclamé : ‘‘Mabrouk aâlikoum !’’» raconte Lylia. Feriel abonde dans ce sens. «A la banque, par exemple, le caissier m’a présenté des félicitations amusées, voire même attendries. Même l’agent y est allé d’une plaisanterie sur la distribution des clés, avant de me féliciter et de dire : ‘J’espère que ça sera bientôt mon tour’», relate-t-elle.

Les souscripteurs à n’avoir pas encore été convoqués – quelque 700 000 inscrits via internet et 450 000 à avoir envoyé un dossier physique par courrier –, doivent être «rassurés», selon le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville. Il a récemment affirmé que la totalité des demandeurs sera invitée à payer la première tranche de leur logement d’ici à la fin de l’année.

 

elwatan

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