Mise à niveau inversée. Plus d’un million de logements ont été réceptionnés durant le précédent plan quinquennal (2010-2014). Pour la seule année 2014 pas moins de 326 000 logements ont été réceptionnés. A la lecture de ces chiffres donnés par le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, on peut se réjouir et dire que le bâtiment va bien. Et quand «le bâtiment va, tout va!». C’est ce qu’on dit. La réalité est plus nuancée en Algérie. De toutes les réceptions de logements cités plus haut, une infime partie a été réalisée par les entreprises algériennes. Très infime. Le plus gros a été l’oeuvre d’entreprises étrangères et à leur tête les entreprises chinoises. Les raisons? Il y a deux sons de cloche. Commençons par celle des entrepreneurs algériens. Au cours d’une conférence de presse, le président de l’Agea (Association générale des entrepreneurs algériens), Mouloud Khelloufi, vient de mettre en cause, pêle- mêle, les prix de construction du mètre carré qui ne «garantissent pas une marge de bénéfice raisonnable», la différence de ce prix selon la formule du logement et les «délais de réalisation que les entrepreneurs algériens ne peuvent pas respecter». Et que demande-t-il? Des «autorisations d’importations des matériaux de construction» arguant de «difficultés» à les obtenir auprès des producteurs nationaux. Il ajoute «la révision du taux d’imposition sur les bénéfices des sociétés». Sans être entrepreneurs et encore moins architectes ou ingénieurs du bâtiment, on peut affirmer que ces arguments n’ont pas de sens. Pour la simple raison qu’ils proviennent de ceux qui produisent une infime partie de l’ensemble des logements réceptionnés. Et c’est aussi là que réside le problème. Les entreprises étrangères qui produisent l’essentiel des programmes ne se plaignent pas comme M. Khelloufi. Au contraire, de nouvelles entreprises d’autres pays frappent à la porte de l’Algérie, attirées qu’elles sont par l’ampleur de l’offre et le désir d’y prendre leur part. Et si elles ne se plaignent pas, c’est précisément qu’elles trouvent largement leur compte. La différence est élémentaire. On peut la résumer dans l’intervention du ministre de l’Habitat qui a invité les entreprises algériennes «à moderniser leurs outils pour être en capacité d’accompagner ces programmes» hors du commun. Il n’y a rien d’autre. Quand une entreprise algérienne ne se dote pas d’une centrale à béton, du système de coffrage métallique, de matériel de levage autre que les grues, quand la même entreprise s’approvisionne en matériaux de construction à la manière d’une ménagère et quand enfin cette même entreprise n’adopte pas une gestion intégrant la compétitivité, alors bien sûr la concurrence étrangère devient «mortelle». Nous sommes persuadés que M.Khelloufi, ainsi que tous les entrepreneurs qu’il représente savent tout cela. Mais au lieu de faire l’effort nécessaire pour se hisser au niveau des standards internationaux, nos entrepreneurs préfèrent l’inverse. Que le niveau baisse à leur hauteur. Plus grave encore, non seulement l’exigence de passer au niveau supérieur ne semble pas les inspirer, ils exigent plus de marge bénéficiaire. Avec une révision à la hausse du prix du m2, une rallonge des délais, une réduction de l’impôt et, cerise sur le gâteau, l’autorisation d’importer des matériaux produits localement. Comment qualifier autrement cette attitude que par celle d’enfants gâtés qui n’ont aucune prise avec la réalité? Il faut absolument redéfinir le profil de l’entrepreneur algérien. Le plus souvent, ce sont des maçons reconvertis. Passer de la construction d’un mur à la réalisation d’une cité ne peut pas se faire sans formation additionnelle. Un problème de fond qu’il est urgent d’aborder. Si nous voulons, pour notre pays, un développement durable!

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