L’agenda de l’Algérie pour les cinq prochaines années est chargé. La tâche est ardue d’autant que, lors de la campagne, ses promoteurs ont placé la barre très haut.

Après 15 années de règne, Abdelaziz Bouteflika a remporté l’élection présidentielle, ouvrant ainsi les portes d’un 4e mandat. Au-delà du grand chantier politique qui attend le Président, à savoir la révision de la Constitution, ce dernier aura à s’engager sur la réanimation d’une économie jusque-là sclérosée. Une revitalisation de l’économie algérienne est d’autant plus urgente que le pays enregistre un million d’habitants supplémentaires chaque année et ne produit presque plus rien, hormis les hydrocarbures. Pour le Président, ce quinquennat sera celui de la construction d’une économie émergeante. Dans ce contexte, le Président élu prévoit “la relance de l’industrie publique” et “un taux de croissance de 7%”.

Réindustrialiser le pays
Le projet de réindustrialisation du pays passe, selon Bouteflika, par le soutien à la production nationale qui, dans plusieurs domaines, peut et doit se substituer aux importations. Il s’agit donc de développer la petite et moyenne entreprise et la sous-traitance, qui recevront une attention soutenue à travers des facilitations des procédures de création et des soutiens au plan de développement. La stratégie retenue s’attachera à lever les contraintes qui entravent une croissance forte et soutenue à travers l’amélioration de l’environnement de l’investissement. C’est ainsi que l’Andi sera transformée en “pôle spécialisé pour orienter les investisseurs potentiels vers des projets porteurs, les accompagner dans leur réalisation et leur fournir des conseils en matière d’organisation et de gestion”, et la loi relative à la promotion de l’investissement sera amendée “dans le sens de la consécration de la liberté d’investissement et de création d’entreprises et du soutien de l’Etat aux projets d’entrepreneuriat”. Les contours de cette révision ne sont pas encore connus.

Embaucher les jeunes diplômés

Mais ce qui est sûr, c’est le maintien de la règle du 51/49, une disposition que la future équipe dirigeante n’entend pas supprimer ou même réaménager. Sur un tout autre plan, le chef de l’Etat est très attendu sur le budget de l’Etat et sur la manière dont il va le conduire, surtout quant on sait que le front social est la clé de voûte de ce mandat. Le programme électoral de Bouteflika a placé les priorités sociales comme gage des réformes à poursuivre.

Programmes AADL et LPP plus étendus
L’achèvement du plan quinquennal prévoyant la construction de logements est une priorité. “Outre la réalisation des programmes de logements publics locatifs, de logements urbains promotionnels et d’habitat rural aidés par l’État, les programmes de location-vente AADL et LPP seront étendus pour répondre pleinement à l’ensemble des candidats éligibles”, prévoit-on. Réduire le chômage et les perspectives de l’embauche, surtout pour les milliers de diplômés, compte comme un chantier ouvert. Le chef de l’Etat avait promis de régler cette question en accordant des facilités aux jeunes. Les crédits de création de micro-entreprises seront davantage soutenus pour les jeunes chômeurs. Pour les régions du Sud non encore désenclavées, on promet plus d’aides et de rallonges budgétaires pour parer aux déficits en infrastructures éducatives et sanitaires. Pour l’instant, le déficit budgétaire est supporté par le Fonds de régulation des recettes pétrolières. L’Etat y recourt pour le combler. Mais jusqu’à quand continuera-t-il dans cette approche ?

Lutte contre la corruption
Autre chantier incontournable : le service public. À tous les rouages de l’Etat, la bureaucratie est quasi présente. Cette situation a même été évoquée par les représentants de la campagne du président élu. L’obligation de performance paraît une bataille qui devra être enclenchée avec la promotion des compétences. Le Président compte s’y atteler avec la mise en place d’un observatoire du service public. La lutte contre la corruption n’est pas en reste dans l’agenda du Président puisqu’il évoque le renforcement de la transparence et du contrôle dans la passation des marchés publics et la simplification des règlements et procédures auxquels sont astreints les citoyens dans leurs relations avec l’administration, mettant ainsi fin aux opportunités de corruption à tous les niveaux.
L’agenda semble donc très chargé et les objectifs ambitieux. Comme cité plus haut, le Président se fixe l’objectif d’atteindre le chiffre de 7% de croissance durant ce quinquennat. Un chiffre ambitieux. Mais quel sera le moteur de cette croissance ? Est-ce la dépense publique comme cela a été le cas ces dernières années ?  La question mérite d’être posée, d’autant que plus de 98% de recettes proviennent des hydrocarbures et que les grands chantiers de l’Algérie (énergie, eau, habitat, santé, éducation, transports) nécessitent des investissements lourds.

Source: Liberté

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