Les cas de vente de logements sociaux se sont répandus à la faveur de l’embellie financière de ces quinze dernières années. De vrais-faux demandeurs en bénéficient et mettent les logements indûment octroyés en vente, ce qui leur permet d’engranger une plus-value et ainsi devenir de grands rentiers.

Madani Safar Zitoun, professeur de sociologie urbaine et auteur d’enquêtes qui font autorité, s’est intéressé aux différents programmes lancés par les pouvoirs publics, particulièrement à Alger. Il a fait, dans ses contributions, un constat de la situation du parc immobilier public. Permettant d’abord l’occupation des logements vacants au lendemain de l’indépendance, l’Etat a «loué» son parc à des particuliers dans un second temps.

Suspension de la clause de cessibilité

Le résultat après une vingtaine d’années de gestion étatique est édifiant : évasion des loyers, dégradations, trafics en tous genres. En cause principalement : les agents de l’Etat. La «liquidation» des biens de l’Etat en 1981 a permis de vendre à des «prix administrés» un parc que les OPGI n’arrivaient plus à gérer. Malgré quelques réformes, la situation n’était plus «gérable».

«Les autorités publiques ont certes mis en place, depuis 1998, de nouvelles règles de fonctionnement des Commissions d’attribution de logements sociaux au niveau des municipalités, gérées par les élus municipaux et composées de ‘représentants de la société civile’ et de l’administration centrale, un système de listes d’attente codifié où l’accès au logement social est conditionné par le classement du demandeur en fonction d’un nombre de points, ont essayé de mettre en place un ‘fichier central’ des attributaires de logements sociaux pour contrer les pratiques de cumul interwilayas, mais sans résultat apparent», constate le sociologue dans une étude — Etat providence et politique du logement en Algérie — publiée par la revue Tiers-Monde en avril-juin 2012.

«La moralisation des attributions avait (…) incité le gouvernement à suspendre, en 2005, la clause de cessibilité des logements sociaux, c’est-à-dire la procédure de cession des biens de l’Etat qui avait tendance à encourager les pratiques de captation des logements à la source par des fonctionnaires indélicats, mais là aussi sans continuité.

La cession des biens de l’Etat est rétablie en 2007, sous les mêmes arguments et prétextes qui avaient été utilisés dans les années 1980 : le poids considérable de l’évasion des loyers, tare ‘structurelle du système résidentiel public’», poursuit-il dans son étude consacrée aux différents programmes mis en place.

«L’Etat continue à jouer le rôle central de producteur quasi monopoliste des rentes urbaines, par le truchement des dispositifs administratifs de sélection des bénéficiaires de cette manne, parce que les conditions socioéconomiques n’étaient pas propices à son retrait de la scène économique et sociale, mais peut-être aussi et surtout, parce qu’il n’a pas réussi à mettre en place les conditions politiques de neutralisation des filières de distribution informelles des rentes urbaines au sein de son propre appareil», estime-t-il.

 

Source : Elwatan

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