Le ministre parle en détail de la révision des lois inhérentes à l’urbanisme et à l’architecture de la nouvelle ville de Bouinan, et du coût réel supporté par les citoyens pour ce qui est des logements AADL

Au moment où certains ministres désertent leur poste pour mener campagne pour le compte du candidat Bouteflika, d’autres membres du gouvernement poursuivent leurs missions à l’image d’Abdelmadjid Tebboune, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme à et de la Ville, qui a présidé dimanche la remise des prix d’architecture et de l’urbanisme pour l’année 2013.
L’occasion saisie pour interpeller le ministre sur certaines questions inhérentes au secteur qui, bien plus que la campagne et ses péripéties, retient toute l’attention des citoyens algériens à l’affût de la moindre nouveauté. “Depuis 1986 jusqu’aux années 2000 on est passé par une crise financière, crise sécuritaire, l’apparition de bidonvilles etc. Nous sommes justement investis à remettre le secteur sur pied et répondre à la demande sociale en matière de logement et celle de la classe moyenne en reprenant le programme AADL qui s’est arrêté en 2002”, commence par expliquer le ministre et de poursuivre : “Nous avions 240 000 Algériens et Algériennes qui avaient un document depuis 2002 et qui étaient angoissés car ne connaissant pas le sort réservé à leur demande. La décision a été prise fin 2012 pour remettre ce dossier sur les rails”.
Et pour coller à l’événement, le ministre dira à propos de l’architecture et de l’urbanisme : “Jusqu’à la fin des années 1990 avec tous les assassinats enregistrés et les conditions de l’époque, parler d’architecture et d’urbanisme relevait du cosmique. Maintenant que les choses ont repris leur cours normal, on revient à l’urbanisation, à la conception de villes correctes, on efface toutes les traces et les séquelles laissés par ces 20 à 25 ans de crise juxtaposée (financière, politique, sécuritaire).”

Les architectes algériens : cheville ouvrière pour le développement urbanistique

“Les architectes algériens sont considérés, incontestablement, comme la cheville ouvrière par le ministère de l’Habitat et le président de la République qui œuvrent pour le développement urbanistique (logement et équipement)”, concède Tebboune et reconnaît : “Ils commencent, d’ailleurs, à prendre de la force et donnent libre cours à leur sens de créativité. Récupérer de la tuile qui date d’un siècle et demi et la mettre dans un projet neuf pour moi est un fait subjuguant et un exemple à mettre en évidence pour être suivi et donner ainsi de la personnalité à un édifice et son ancrage historique. C’est tout bonnement admirable !” Le ministre a aussi saisi l’occasion pour rappeler les liens étroits qui le lient désormais au Conseil national de l’ordre des architectes (Cnoa). “Le Cnoa est désormais partie prenante de tout ce que nous faisons. Et nous sommes en train de revoir les textes qui ont été promulgués dans les années 1990 et qui sont devenus complètement obsolètes par la force de la réalité actuelle concernant l’urbanisme et l’architecture ainsi que le mode de paiement des architectes qui ne motive aucunement la créativité. Il faut absolument œuvrer pour encourager la créativité à travers un nouvel encadrement et donner naissance à des bureaux d’études sérieux et forts pour ne plus faire appel aux étrangers. Et si l’étranger doit intervenir, il ne peut le faire que sous couvert des bureaux d’études algériens.”

Introduction de nouvelles technologies de construction : du BTS et du silico-calcaire pour les villes du Sud et Grand-Sud
Lorsqu’on dit “quand le bâtiment va, tout va” cela signifie que tous les intrants qui interviennent dans le bâtiment, qu’il s’agisse de la réalisation d’un logement ou autre, sont produits localement. “Donc, le bâtiment ça se construit mais ça utilise le bois, le béton, le plastique, le PVC, l’aluminium”, relève le ministre, insistant sur le fait que “c’est cela qui constitue l’essaimage des PMI-PME du pays, véritables pourvoyeuses d’emploi et de croissance”. Il précisera, en outre, que “les régions ne se ressemblent pas” et citera en exemple pour illustrer cette optique la joint-venture entre deux sociétés privées. “Une société française en association avec un Algérien qui souhaiterait se lancer dans le BTS (pas cher) et dans la brique silico-calcaire (isothermique) dans le sud du pays. Pour cela, je dis ‘oui’ franc et massif car pour la construction dans le Sud, l’avenir réside dans ce type de technologie qui recourt à ces matériaux.” Le ministre ira dans le détail en soulignant que “pour ce qui est du Nord, la technologie s’impose on ne la choisit pas, compte tenu du problème du foncier. Allier l’urgence dans la réalisation, la beauté de l’architecture, l’économie d’énergie et l’économie dans les matériaux de construction n’est pas une mince affaire et la tâche est dévolue au ministère de l’Habitat et aux architectes. En front commun, nous sommes en train de mener une bataille que nous venons de commencer, qui prendra certes du temps, avec pour objectif de mettre sur pied un bâtiment algérien avec des produits de provenance entièrement locale”.

Retard dans le lancement du projet de Bouinan : “De nombreux terrains ne sont pas encore mis à la disposition de la ville”
À la question de savoir les raisons qui entravent le démarrage du projet de la ville nouvelle de Bouinan, le ministre explique : “Il ne faut jamais confondre vitesse et précipitation. Bouinan est une région sismique. Nous avons une capacité de portance du sol de 1,02. Ce qui signifie qu’il faut des études très précises”, ajoutant pour la précision que “beaucoup de terrains ne sont pas encore mis à la disposition de la ville de Bouinan” et confier que “depuis que le département de la Ville est passé sous la coupe du ministère de l’Habitat, ça se précipite”.
À propos de l’intervention du privé sur des chantiers similaires et qui n’arrive pas à bénéficier de l’aval des pouvoirs publics, le ministre argumente : “De ce que nous avons lancé depuis 2013, 58% est réalisé par le privé et seulement 4% revient au public. Il est donc clair que l’intervention du privé est incontournable. Dans le cas des projets d’envergure à l’image des villes nouvelles, nous souhaitons en faire des symboles du futur. Des villes intégrées et non pas des zones d’activité ou des zones industrielles.”
M. Tebboune n’ira pas par quatre chemins pour faire ressortir le rôle de l’État en matière de logement et insiste : “Force est de reconnaître que les formes suivies actuellement et qui sont financièrement à la portée du citoyen sont des réalisations publiques. Certes, le privé est capable de grandes performances à l’image des constructions menées à Dubaï ou dans les villes d’envergure, mais à quel prix ?” s’interroge-t-il et de conclure : “L’État continue, dans tout projet, d’assurer encore le service public parce que nous sommes investis à régler le problème du logement. Pour preuve que le coût réel supporté par les citoyens pour les logements AADL correspond à 47%, ce qui ramène le prix du mètre carré autour de 43 000 DA. Le prix de ce même mètre carré, dans l’immobilier privé, est multiplié par trois avec les mêmes modes de construction. Idem pour le LPP qui pourrait coûter 9 millions de dinars serait proposé à 30 millions de dinars par le privé. Nous construisons de manière très économique pour le citoyen.”

Source: Liberté

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