MADRID- L’Algérie et l’Espagne tiendront, lundi à Madrid, un forum économique centré sur le partenariat industriel sensé donner un nouvel élan aux relations économiques bilatérales.

Cette rencontre qui se tiendra dans le sillage de la sixième réunion de haut niveau entre les deux pays, prévue mardi dans la capitale espagnole, constituera l’occasion pour les entreprises algériennes et espagnoles d’aborder les possibilités de renforcer ce partenariat.

Il s’agira, lors de ce forum, d’identifier davantage les opportunités de partenariat dans trois secteurs prioritaires: les énergies renouvelables, l’industrie agroalimentaire et la construction, selon le ministère de l’Industrie et des mines.

Le choix porté pour ces secteurs n’est pas fortuit puisqu’ils constituent, avec le secteur de l’automobile, les piliers de l’économie espagnole qui en détient une expérience dont l’Algérie veut tirer profit.

C’est le cas, entre autres, des énergies renouvelables que l’Algérie s’apprête à développer à grande échelle, sachant que l’Espagne possède le quatrième parc éolien le plus important au monde, derrière la Chine, les Etats-Unis et l’Allemagne.

Trois réunions sont prévues pour présenter les possibilités de partenariat dans ces différents secteurs, tandis qu’une autre rencontre sera tenue entre le Forum des chefs d’entreprises (FCE) et la confédération espagnole des entreprises, la plus importante organisation patronale d’Espagne.

L’objectif pour l’Algérie est aussi de mettre en place des projets communs avec les nouveaux groupes industriels publics nationaux, issus de la restructuration du secteur public marchand opérée en février dernier, avait déjà avancé, en avril dernier, le ministre de l’Industrie et des mines, M. Abdesselam Bouchouareb, lors de sa rencontre à Alger avec le ministre espagnol de l’industrie, de l’énergie, et du tourisme, Jose Manuel Soria Lopez.

En 2014, L’Algérie et l’Espagne avaient entamé les discussions sur cinq projets de partenariat industriel, dont l’un porte sur la réalisation d’une unité industrielle de logements.

Ces projets s’ajouteront, une fois concrétisés, à d’autres partenariats mis en £uvre avec des entreprises espagnoles, considérées comme des réussites à l’instar de celui de Fertiberia avec le groupe Sonatrach qui sont partenaires dans deux usines de production de fertilisants en Algérie ou de ceux de Gallina Blanca, Dulcesol et Europactor.

L’investissement espagnol en deçà des attentes

Comparé au volume des échanges commerciaux, l’investissement espagnol en Algérie reste bien en deçà des attentes notamment dans le domaine de l’industrie qui intéresse le gouvernement dans cette phase de transition économique.

Ce constat fut établi par le FCE lors du forum économique algéro-espagnol tenu l’année dernière à Alger.

Cette organisation patronale algérienne estime, en effet, qu’au regard de son statut de grand partenaire commercial de l’Algérie, l’Espagne devrait engager un plus grand effort en matière de renforcement de ses investissements dans le pays.

Selon les chiffres de l’ANDI, seulement 40 projets d’investissements espagnols ont été déclarés auprès de cette agence dont 30 ont été réalisés.

Parallèlement, les échanges commerciaux entre les deux pays sont restés importants ces dernières années: Selon les dernières statistiques du CNIS, l’Algérie a exporté vers l’Espagne pour 9,5 milliards (mds) de dollars en 2014 (contre 10,1 mds de dollars en 2013) et en a importé pour 5,03 mds de dollars (contre 5,1 mds de dollars en 2013).

Durant les cinq premiers mois de 2015, les exportations de l’Algérie vers ce pays ont atteint 2,7 mds de dollars contre 4,01 mds de dollars durant la même période de 2014.

Même si la balance commerciale reste excédentaire en faveur de l’Algérie, ces chiffres font ressortir, cependant, un fléchissement des importations espagnoles résultant essentiellement de la baisse des prix et des quantités du gaz sur le marché européen, aggravée par une demande gazière européenne morose.

Les exportations algériennes du gaz, de pétrole et des produits énergétiques vers l’Espagne ont, ainsi, chuté à 9,1 mds de dollars en 2014 après avoir atteint 9,8 mds de dollars en 2013, soit une perte de 700 millions de dollars en une année.

Cette baisse s’est poursuivie tout au long des cinq premiers mois de 2015, accentuant des pertes pour plus de 1,4 milliard de dollars pour ce groupe de produits dont les exportations se sont établies à 2,5 mds de dollars après avoir atteint 3,9 mds de dollars durant la même période de 2014.

Les ventes de gaz vers l’Espagne ont représenté, en 2014, la moitié de la valeur des exportations algériennes vers ce pays.

Coopération énergétique: Cap sur le gaz

L’Espagne reste, selon les observateurs, « une île énergétique » du fait qu’elle ne soit pas suffisamment connectée à la France aussi bien pour l’électricité que pour le gaz.

L’idée chère à Madrid est de renforcer les connexions gazières avec la France pour pouvoir transporter du gaz algérien vers le reste de l’Europe.

C’est dans cet objectif qu’elle a institué, en juin dernier, avec la Commission européenne, la France et le Portugal, un groupe de travail de haut niveau pour faire tomber les barrières sur le marché européen de l’énergie dans le cadre de la mise en £uvre du projet de « l’union de l’énergie » qui vise à réduire la dépendance de l’UE du gaz russe.

Un tel projet  »ouvrira des perspectives au gaz algérien », confie à l’APS une source proche du dossier, mais qui sera conditionné par la partie algérienne par  »un prix juste » en mesure d’amortir les investissements lourds consentis par l’Algérie dans ce secteur.

Reliée à l’Espagne via deux gazoducs, le Medgaz et le gazoduc Maghreb-Europe (GME), l’Algérie est en mesure d’augmenter ses quantités de gaz exportables, ajoute la même source qui relève, toutefois, la contradiction dans les politiques énergétiques des pays européens qui demandent aux fournisseurs d’augmenter leurs livraisons, alors qu’ils encouragent à outrance la consommation du charbon.

 »Ils veulent un prix de gaz indexé au charbon et nous défendons un prix indexé au pétrole », précise la même source.

Des analystes énergétiques, cités récemment par le Financial Times, ont avancé que l’Algérie a exporté en 2013 un volume de 25 milliards de m3 de gaz en dépit de ses capacités en gazoducs et en GNL qui avoisinent les 57 milliards de m3 par an, .

Ce qui permet au pays, affirment-ils, d’augmenter ses livraisons au continent européen, son marché traditionnel par excellence.

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