Djamel Chorfi, architecte et expert international : Pour la révision des lois sur l’urbanisme

Le président du Haut conseil arabe d’architecture et de l’urbanisme et développement des villes, Djamel Chorfi, a plaidé hier, pour la révision de l’arsenal juridique régissant l’urbanisme en Algérie. L’expert s’est longuement attardé sur la nécessité de réexaminer la loi 90-29, dans le sens d’adapter son contenu à l’émergence d’un nouveau modèle urbanistique axé essentiellement sur la mise en œuvre des mégapoles bien intégrées dans leur environnement.
M. Chorfi, qui est également un expert émérite au Fonds Monétaire International, a souligné que «cette loi devrait être adaptée aux nouveaux outils de reconstruction, notamment les villes intelligentes et mettre en conformité la loi sur les règles sismiques, qui n’a fait l’objet d’aucune révision depuis 2003, avec les nouvelles technologies dans le domaine de la construction». S’exprimant sur les ondes de la radio nationale, le même intervenant a souligné le rôle des architectes pour la promotion de l’identité urbanistique dans la réalisation des logements.
«Si la qualité dans les constructions fait défaut, c’est bien en raison de l’absence du concepteur du projet de logement. Celui-ci occupe un rôle pivot et voire la locomotive de la planification des villes», a-t-il estimé.
Le même interlocuteur, a salué «l’initiative de la tutelle, qui a multiplié les rencontres avec les ingénieurs, les concepteurs et les techniciens pour, parvenir à des techniques organisant les opérations de la construction publique et privée, notamment s’agissant de la conception, la façade des bâtiments et son impact sur l’environnement et sur la qualité».
L’expert a également mis en avant la nécessité de promulguer des lois faisant obligation aux citoyens de respecter les plans d’architecture et les règles de construction conformément aux dossiers déposés auprès des services techniques des collectivités locales, estimant que la police de l’urbanisme devrait jouer un rôle plus important dans ce domaine. Selon lui, beaucoup de citoyens parviennent à obtenir le certificat de conformité de leurs constructions par des moyens détournés et ce après avoir apporté de substantielles modifications à leur plan d’architecture initial.
Pis encore, le spécialiste souligne que les autorités s’intéressent le plus souvent aux constructions publiques, mais rarement au privé. Chose qui a ouvert la voie à des abus en tous genres.
Il y a lieu de rappeler, que le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, M. Abdelwahid Temmar, avait indiqué, dans le même sillage, que la priorité de son secteur consistait essentiellement en le retour à la promotion du volet urbanisme, en tenant compte de la nature de chaque région et de ses styles traditionnel et sociologique.
De ce fait, la nouvelle loi sur l’aménagement et l’urbanisme qui vise la promotion d’un urbanisme devrait s’adapter aux développements en cours de par le monde. «La nouvelle loi sur l’urbanisme tient compte du volet écologie et espaces verts de chaque région», avait affirmé le représentant du gouvernement. Dans n’importe quel Etat, a observé le ministre, la loi sur l’urbanisme doit être réexaminée tous les dix ans afin de s’adapter aux évolutions survenues en la matière, sachant que les organisations internationales procèdent à l’évaluation des programmes de logement sur la base du degré de respect de la dimension écologique et des espaces verts. «27 ans après la promulgation de la dernière loi sur l’urbanisme, il faut procéder à la révision de cette loi».
S’agissant de la loi 08/15 portant règles de mise conformité des constructions et leur achèvement, le ministre a annoncé l’enregistrement de 800.000 demandes de régularisation, dont 500.000 ayant été traitées, avec la prolongation des délais d’achèvement des 300.000 constructions restantes. «Les articles de ladite loi seront intégrés dans la nouvelle loi sur l’urbanisme contenant plusieurs sanctions», a-t-il poursuivi.
S’agissant des sanctions préconisées, la présente loi prévoit des amendes pour les cas réparables, la destruction dans les cas irréparables ou l’intégration dans le cadre du règlement de la situation avec le versement d’une amende. «La sanction vise principalement à embellir l’image des villes et des villages et non à criminaliser le citoyen algérien», a encore observé M. Temmar qui a fait cas du recrutement de contrôleurs d’urbanisme pour renforcement du contrôle au niveau des inspections d’urbanisme en associant, a-t-il dit, les opérateurs privés.

Source:Elmoudjahid 6-11-2017

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