Certes, l’exode rural et la situation sécuritaire peuvent justifier les habitations situées dans les zones éparses qui ne représentent que 21 340 sur un parc de logements estimé à 159 557 unités, dont 125 320 habitées.

Plus de 34 237 logements sont inhabités dans la wilaya de Boumerdès, selon une étude élaborée par le Centre national d’études et de recherches appliquées en urbanisme (Cneru) se rapportant au “plan d’aménagement du territoire de la wilaya de Boumerdès (PATW)”. Le document de 180 pages daté de 2013 ne donne pas les explications sur ce nombre important de logements inoccupés, mais l’information paraît surprenante. Certes, l’exode rural et la situation sécuritaire peuvent justifier les habitations situées dans les zones éparses qui ne représentent que 21 340 sur un parc de logements estimé à 159 557 unités, dont 125 320 habitées. Mais pour les milliers d’autres habitations recensées mais non habitées, l’enquête nous laisse sur notre faim. Sur le plan démographique, on apprend que la population de la wilaya dépassera 1 million d’habitants dans 3 ou 4 ans, puisque le document prévoit 1 119 804 habitants à l’horizon 2020. Ce chiffre va rebondir à 1 499 498 âmes en 2030, soit un taux d’accroissement de l’ordre de 2,96, largement supérieur à la moyenne nationale, selon les publications de l’ONS 2012. Actuellement, la population est estimée à 802 083 habitants, avec un taux d’occupation par logement (TOL) de 6,4% – le taux national avoisine 4,90%. Ainsi, il faudra construire d’ici 2030 plus de 90 459 nouveaux logements pour que le TOL soit ramené à 5%. Le document note que malgré les efforts déployés en termes de réalisations, la wilaya de Boumerdès présente des déficits en matière de logement qui s’explique par la présence de 26 148 logements précaires, dont 14 905 chalets recensés en 2012 (soit 14,93% du parc logements total de la wilaya), avec en plus une situation de surpeuplement des logements existants. Cette précarité du parc logements est due notamment à l’exode rural et à plusieurs autres facteurs défavorables qu’ont connus les zones éparses, du fait du problème sécuritaire, et à la concentration des équipements au niveau des principales agglomérations de la wilaya. Le séisme qui a touché la wilaya en mai 2003 y est aussi pour quelque chose. Parmi les communes dont la part du parc logements précaire est élevée, figurent la commune de Boumerdès avec 3030, soit 11,59%, Corso avec 2376, soit 9,09%, Zemmouri avec 2046, soit 7,82%, Bordj Menaiel avec 1805, soit 6,90%. Pour rappel, plus de 76 850 logements sont en cours de lancement dans la wilaya de Boumerdès, mais beaucoup d’entre eux enregistrent un énorme retard, estime le document. L’autre indication de taille donnée par le même rapport est que les citoyens de la wilaya de Boumerdès vivent dans des cités-dortoirs, si l’on se réfère aux manques d’espaces verts et de détente dans les cités et quartiers ruraux. Ainsi, pour le Cneru, les espaces verts sont en quantité très insuffisante, puisque seulement 402 480 m2 d’espaces verts sont recensés dans toute la wilaya, soit un ratio de 0,5 m2 par habitant, très faible par rapport à la norme internationale de 25 m2 d’espaces verts urbains par habitant. “De plus, ils sont très peu entretenus et nécessitent presque tous des opérations de reboisement et d’aménagement”, précise encore le Cneru. Le document qui constate une urbanisation abusive sur les terres agricoles, notamment sur le littoral et dans la Mitidja, préconise de stopper l’extension des agglomérations en milieu agricole, en limitant l’extension des constructions dans les piémonts et les plaines. Autre révélation du Cneru : l’agriculture disparaîtra presque complètement des cinq communes appartenant à la Mitidja (Ouled Moussa, Ouled Haddadj, Khemis El-Khechna, Hammadi et Larbatache), Boudouaou et Boudouaou El-Bahri. La SAU (surface agricole utile) devra grandement diminuer (de 90%) du fait de la densification de la population dans ces communes. Les experts du Cneru suggèrent de “réorienter et redéployer l’urbanisation en profondeur sur les piémonts en intégrant les zones de piémont et de montagne au programme de développement, notamment par la réorientation et le redéploiement de l’urbanisation vers ces zones, notamment dans les communes d’Ammal, de Bouzegza-Keddara, d’El-Kharouba et de Larbatache”.

Source: Liberté

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