Prié d’être bref par un président d’APW rompu aux exercices d’animateur de débat et de régulateur du temps d’intervention, le chef de l’exécutif local, M. Zâalane Abdelghani n’a pu passer en revue tous les chapitres inhérents au processus de la métropolisation de la ville dont il tient les rênes depuis novembre 2013.

Aux 25 minutes de temps qui lui ont été accordées, le wali s’en est certes accommodé, mais non sans « sacrifier » des volets importants de son allocution-synthèse préparée « at home ». Au détenteur de l’autorité de l’Etat à l’échelon de la capitale de l’Ouest, il faut reconnaître l’approche réaliste du concept de la métropolisation, en tant que nouveau paradigme permettant d’appréhender les dynamiques spatiales et territoriales liées à la ville et à son développement et ainsi clarifier les enjeux de l’aménagement du territoire. Avec son style direct et terre-à-terre qu’on lui connaît, son analyse empirique faisant fi des conceptions académiques, M. Zâalane a brossé un tableau, on ne peut plus clair et concis, sur la ville d’Oran en tant que métropole (en devenir), potentiellement parlant du moins. « Ce thème intéresse la cité, il n’y a nul doute », remarque-t-il au préambule de son intervention, en espérant que cette rencontre, initiée conjointement par l’APW et « Le Quotidien d’Oran », se perpétue. Après une énumération rapide des potentialités d’Oran et qui ont valeur de paramètres scientifiques faisant d’elle une ville «métropolisable », le wali met le doigt sur les points faibles, les « tares », de cette même ville. Et c’est sur le patrimoine culturel et historique non mis en valeur, voire délaissé tout bonnement, que recèle Oran, que le wali s’est attardé le plus, avec une pointe d’amertume dans la voix. Ce n’est pas pour faire l’état des lieux, encore moins pour se lamenter sur les vestiges de la cité que le premier responsable public de la wilaya étale, devant le large et multidisciplinaire parterre, mais pour faire une annonce de taille. A savoir que « le dossier patrimoine d’Oran est, cette fois-ci, pris en charge en haut lieu ». Pour le wali, « jusque-là, l’Etat allouait des enveloppes financières pour la restauration et la mise en valeur des sites historiques et des biens culturels mais sans jamais prendre en charge les opérations par lui-même. Celles-ci étaient confiées à la Direction de l’Urbanisme et de la Construction, qui les exécutaient au compte de la Culture, avec tout le lot de dysfonctionnements et de failles que cela comporte. Résultat à Oran, du moins : presque aucun site n’a été restauré, bien que de l’argent, peu ou prou, eût été bel et bien dégagé par le gouvernement.

PATRIMOINE ET VIEUX BATI : TALON D’ACHILLE D’ORAN

Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, les choses ont changé. C’est la Culture elle-même qui prend en charge les opérations de restauration ciblant des biens patrimoniaux de son secteur, sites classés ou pas », explique le wali. Ainsi, fait savoir le même responsable, le Palais du Bey (Mohamed Ben Othmane El Kebir), situé dans l’enceinté du « Château Neuf », dans le quartier historique de Sidi El Houari, et la Mosquée du Pacha (Hassan), dans la même cité ottomane, font désormais l’objet d’un projet de restauration confié aux Turcs, et ce en vertu d’un accord conclu entre l’Algérie et la Turquie à l’occasion de la dernière visite à Oran du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. « Mieux encore, au moment où je vous parle, il y a une équipe de l’Agence turque de coopération et de coordination qui se trouve à Oran dans le cadre de ces deux projets. Le fort de Santa Cruz et la Chapelle de la Vierge, eux aussi, sont pris en charge. Il y a une décision en ce sens, sur la base de laquelle c’est la même entreprise spécialisée ayant restauré la basilique de Notre-Dame-d’Afrique, à Alger, et l’église de Saint Augustin dominant les ruines de l’antique cité d’Hippone, à Annaba », annonce-t-il dans le même registre. Un autre point de vulnérabilité d’Oran évoqué par le wali : le vieux bâti. Il en donne un chiffre : 4.200 familles recensées. Le processus d’éradication de ces habitats précaires a été déjà lancé avant le mois de Ramadhan. Il va se poursuivre suivant un calendrier déjà élaboré. Le wali semble confiant quant à l’aboutissement de ce programme, un vrai défi. Mais le plus important, c’est d’empêcher la récurrence du phénomène du squat.

« Cela n’est possible, insiste le wali, que si on détruit à ras terre immédiatement les maisons évacuées et que si on s’en approprie les assiettes. Ce dispositif accompagne désormais toutes les opérations de relogement qu’on effectue. Mais, à vrai dire, démolir, c’est plus facile à dire qu’à faire. C’est un casse-tête. Vous avez parfois des propriétés privées, dont certains propriétaires sont décédés et une cinquantaine d’héritiers derrière. Dans certains cas, un bien OPGI avec des commerces au rez-de-chaussée et il existe des cas plus complexes », reconnaît le wali. Il a, dans le même contexte, levé le voile sur un nouveau programme de réhabilitation de 600 immeubles au centre-ville d’Oran et à Arzew.

«METROPOLISATION / ASSEMBLEES LOCALES», LA DURE EQUATION

Pour M. Zâalane, la modernisation de la ville, ce n’est pas un slogan, une vue d’esprit, un fantasme, mais plutôt des actes de développement avec certes une ambition commune de toute une ville qui voit grand et loin, avec à la clé une double dynamique dans le phénomène de métropolisation, c’est à la fois une concentration d’hommes, d’activités et de valeurs sur un pôle urbain et une redistribution de ces attributs par le même pôle qui restructure ainsi son territoire d’influence. De ce point de vue, tous les projets structurants, dont une bonne part sont déjà inscrits et même lancés – et c’est ça l’atout dont peut se prévaloir Oran, dans la mesure où le plus difficile, c’est le lancement des chantiers, souligne le wali – en cours d’exécution ou qui seront mis en route prochainement sont considérés des actes de modernisation, de métropolisation. Et d’en citer, dans la foulée, la nouvelle ville projetée au périphérique 04 (du côté de Misserghine), l’extension du tramway, le nouvel aéroport, l’extension du terminal à containers du port, la pénétrante autoroutière du port, le 5e périphérique (Rocade Sud), le Technoparc, le jardin citadin, la grande Mosquée de Ibn Badis, le projet MAO, la télégestion de l’AEP, la nouvelle carte sanitaire… « Or, c’est une affaire d’hommes. Et là, je dois dire que personnellement je ne suis pas satisfait de certaines APC, qui, au lieu de faire avancer, bloquent le train du développement en se livrant à leurs guerres intestines », regrette le wali, qui possède toutefois bien de tours dans son sac pour faire marcher le train mal gré bon gré la volonté des élus « frères – ennemis ». Dans un autre chapitre, mais toujours en relation avec la métropolisation, laquelle entraîne forcément une redéfinition des espaces au sein de la ville et où les fonctions grandes consommatrices d’espace (habitat social, loisirs, commerce, industrie…) sont rejetées dans les périphéries alors que les centres-villes sont réservés à l’habitat favorisé et aux activités à forte valeur ajoutée, l’orateur dévoile un projet de restructuration de l’OPGI, suggérant la multiplication des structures territoriales de cet office, à l’instar d’Alger, mais également à l’image de l’administration fiscale locale, où pour le chef-lieu de la wilaya, il existe deux directions Oran-est et Oran-ouest.

RESTRUCTURATION DE L’OPGI ET MULTIPLICATION DES SECTEURS URBAINS

Dans le même ordre d’idées, il a fait savoir qu’il existe un plan pour augmenter le nombre des secteurs urbains de la commune d’Oran à 19 aux lieu et place de 12. Cette polarisation autour de la grande ville d’Oran, c’est en partie la conséquence de la concentration des emplois, qui sont surtout tertiaires, et qui entraînent des flux de migration pendulaire. Le territoire « métropolisé » est donc parsemé de voies rapides, de rocades, d’autoroutes, d’échangeurs. La métropolisation implique donc le renforcement de la grande cité, essentiellement celles situées en tête d’un réseau urbain, ou la ville-capitale.

Aussi pour de plusieurs intervenants au débat, le rôle de l’État revient à aider la métropole d’Oran à laquelle on aspire tous à s’inscrire dans l’espace des flux grâce à leur attractivité. En d’autres termes, il revient à la métropole de se doter d’une stratégie et à l’État de l’aider à mener cette stratégie dans les meilleures conditions au travers d’investissements publics permettant de renforcer ses infrastructures sociales (scolarité, enseignement, recherche) et technique (axes routiers, aéroports, réseaux divers). Pour ce qui concerne le territoire métropolitain abritant la capitale de l’Ouest, en particulier, il est certain que les enjeux ne sont plus exactement les mêmes dans la mesure où l’État souhaite se donner les moyens pour que cette métropole l’emporte, aux plans économique et touristique, sur les autres territoires métropolitains du territoire national.
Source: le Quotidien d’Oran

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