Le ministre de l’Habitat a exigé des explications au groupe turc Gurbag Insaat, et annoncé l’installation d’une commission d’enquête au niveau de son département.

La cité AADL 1200-Logements, en construction dans la localité de Rahmania, au sud de la capitale, a été le théâtre, hier matin, d’un drame humain, causé par l’effondrement, au deuxième étage, de la dalle d’une tour. Le bilan est lourd : trois morts, dont deux Subsahariens, et deux blessés, dont un Subsaharien dans un état critique. Que s’est-il exactement passé ? Selon des témoignages recueillis sur le site, dont les travaux ont été confiés au groupe turc Gurbag Insaat, le coulage de cette dalle a été achevé à 17h lundi. Le lendemain, à 7h du matin, c’est-à-dire quatorze heures après, alors que le béton était encore frais, les ouvriers ont été instruits d’enlever le coffrage, de récupérer les matériaux et de les engager dans les travaux d’une autre tour. “À peine sont-ils montés au deuxième étage pour entamer le décoffrage que la dalle s’est effondrée, emportant les deux premiers ouvriers sur les deux façades avant d’écraser complètement les trois autres victimes. Je m’attendais à tout sauf au décoffrage d’une dalle qui n’avait pas encore 24 heures de pose”, témoigne un jeune ouvrier encore sous le choc. Selon notre interlocuteur, “le décoffrage s’effectue, selon les normes requises, 24 heures après, car cette entreprise utilise un matériau dédié pour renforcer le ciment. C’est ce que je n’arrive pas à comprendre”. Abattus par la mort de leurs compatriotes, des jeunes subsahariens rencontrés sur le chantier étaient encore traumatisés. “Nous n’avons rien pu faire pour les sauver. Cela s’est passé trop vite. On a à peine eu le temps de réaliser que ces ouvriers, dont nos amis algériens, ont été engloutis par des tonnes de béton. C’est dramatique”, raconte cet ouvrier subsaharien qui n’arrive pas à retenir ses larmes. Une heure après le drame, le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelwahid Temmar, s’est déplacé sur les lieux pour s’enquérir de la situation. Le ministre a exigé des explications au groupe turc Gurbag Insaat, comme il a annoncé l’installation d’une commission d’enquête au niveau de son département. Sur la scène du drame, les éléments de la police scientifique relevant de l’Institut de criminologie et de criminalistique (INCC) de la Gendarmerie nationale ont fait des prélèvements du béton qui s’était effrité. Des analyses, qui seront effectuées, devront confirmer ou infirmer les témoignages recueillis auprès des travailleurs qui, par ailleurs, ont dénoncé l’entreprise turque à qui l’on reproche le manque des normes de sécurité. À ce propos, Nassim Bernaoui, responsable à la Direction générale de la Protection civile (DGPC), a indiqué que “les accidents sur les chantiers sont devenus monnaie courante. On intervient chaque jour sur les chantiers du bâtiment. Les sociétés en charge des travaux doivent faire preuve de diligence et déployer les moyens requis pour sécuriser à la fois les lieux des travaux et leurs alentours. On lance une alerte à toutes les entreprises pour prendre en charge cet aspect négligé, à savoir la sécurité des travailleurs”. Interrogé sur les victimes, M. Bernaoui a indiqué que les médecins urgentistes de l’hôpital de Douéra ont engagé le pronostic vital sur l’un des blessés, alors que le second a subi diverses fractures, mais ses jours ne sont plus en danger. “L’intervention a été rapide, certes, mais la tâche a été délicate pour extraire les victimes des décombres. Malheureusement, en arrivant à l’hôpital, une troisième personne a succombé à ses blessures”, déplore encore la même source. Remise en cause du chantier ou pas, le ministre de l’Habitat préfère attendre les résultats de l’enquête confiée à la Gendarmerie nationale, en plus de l’expertise des bâtiments que le groupe turc Gurbag Insaat a réalisés sur ce site.

Source: Liberté Algérie du 09/01/2019

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