Un père de famille qui accède enfin à un logement social après des années passées dans un bidonville, il n’y a rien de plus légitime. Ces dernières années, ils ont été des milliers à avoir reçu leurs clés des mains des autorités locales qui, généralement, réservent à cet événement un traitement médiatique particulier. La politique l’exige, c’est-à-dire la paix sociale à tout prix.

Mais comment aussi ne pas partager la déception, voire la colère de tous ces citoyens, des salariés, qui n’ont pu accéder à un logement social, car exclus de la formule pour être orientés vers la location-vente. Avec l’écueil majeur que celle-ci est réduite et fortement onéreuse, la plus «populaire» d’entre elles, l’AADL, fait attendre ses postulants de longues années, voire des décennies.

En réservant le logement social aux seuls habitants des bidonvilles, les autorités ont laissé d’autres Algériens, des dizaines de milliers de jeunes actifs, sans possibilité de bénéficier d’un toit décent, bon marché et disponible rapidement. Et même des moins jeunes, pères de famille, avec plusieurs années d’expérience professionnelle contraints à la location chez des privés ou à l’hébergement familial, leur consacrant une part importante de leurs maigres salaires. Légitimement ils s’interrogent : au nom de quoi des citoyens qui ont eu l’idée de squatter un local sur un toit d’immeuble ou d’acheter une baraque dans un bidonville sont prioritaires en matière d’accès au logement social par rapport à d’autres qui n’ont pas suivi cette voie, s’orientant vers la location ou l’hébergement familial ? Des citoyens jugés soudainement, par la grâce de la politique, prioritaires, alors même que beaucoup d’entre eux disposent de revenus conséquents, la plupart du temps dans le secteur commercial.

Certes, la lutte contre l’habitat précaire est nécessaire mais avec équité et de(par) ses propres moyens, sans affecter et pénaliser d’autres populations. Cette sorte d’injustice n’existait pas durant les décennies 1960 à 1990, lorsque des quotas substantiels étaient réservés aux salariés des administrations et des entreprises publiques par les wilayas et les APC, distribués par les commissions paritaires directions-syndicats et gérés par les OPGI par le biais d’un syndic, en contrepartie d’un loyer modique. Généralement situés dans des cités de banlieue, ces logements étaient rétrocédés après une à deux décennies d’occupation. Toutes les catégories sociales y étaient éligibles, y compris les cadres supérieurs, certes quelquefois par le jeu du piston, mais pour tous, ce fut le premier pas, le plus essentiel, dans leur ascension sociale que beaucoup ont poursuivie par l’acquisition d’un lot de terrain pour la construction d’une maison individuelle. Ascension sociale ? Parlons-en.

En début ou en milieu de carrière professionnelle, les jeunes travailleurs s’épuisent dans des situations extrêmement difficiles, subissant le bon vouloir des propriétaires, contraints à de perpétuels changements de quartier avec les inévitables problèmes de transport. Leurs faibles revenus y passent et ils ne s’en sortent financièrement quelque peu que lorsque le couple travaille. Le rendement professionnel s’en ressent et donc toutes les possibilités de promotion, déjà réduites dans le monde du travail actuel marqué par l’anarchie et la précarité, loin de la relative quiétude de l’ancien système du SGT qui assurait une certaine égalité des chances. Il ne s’agit pas aujourd’hui de revenir aux anciennes expériences, mais d’en extraire les côtés positifs pour les développer, comme celle de l’accès au logement social, objet de notre propos.

source:elwatan

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