Neuf (9) entreprises étrangères ont été admises par le ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville pour créer, en partenariat avec des sociétés algériennes, des usines de préfabrication de logements en Algérie, a appris l’APS auprès d’un haut responsable de ce ministère.

Sur 131 dossiers déposés suite à l’appel national et international à manifestation d’intérêt par ce ministère pour la réalisation de logements produits selon des procédés de construction industrialisée, 40 ont été jugés éligibles mais dont neuf (9) ont été validés après examen des dossiers par le Centre national d’études et de recherche intégrés du bâtiment (Cnerib).

Il a été exigé de ces entreprises de se doter d’une usine automatisée (utilisation de logiciels informatiques), de faire de la préfabrication totale, de mettre en place des armatures robotisées et d’intégrer totalement les corps d’état secondaires (ensemble des travaux réalisés à l’intérieur du bâtiment comme la platerie et les revêtements de sol et murs).

Les entreprises admises sont de nationalités chinoise, émiratie, turque, italienne et espagnole, précise le même responsable. Après cette première étape de validation, une short-list sera établie à partir de ces 9 entreprises avant fin juin prochain, et ce, après un avis de présélection nationale et internationale restreinte.

Pour pouvoir s’installer en Algérie, les entreprises définitivement retenues doivent créer des joint-ventures avec des entreprises algériennes, conformément à la règle 51/49% du capital, régissant l’investissement étranger en Algérie. D’ailleurs, quatre (4) des 9 entreprises admises prévoient, si elles seront retenues définitivement, des partenariats avec les nouveaux groupes publics issus de la restructuration de la Société de gestion des participations de l’Etat (SGP) Indjab, qui représente l’outil public de réalisation.

Pour la création de leurs usines, les futures sociétés mixtes vont bénéficier de plusieurs avantages en matière de foncier industriel et de facilitations fiscales et parafiscales notamment. En outre, elles signeront des protocoles d’accord avec le ministère chargé de l’habitat portant engagement des promoteurs publics à l’achat de la totalité des logements produits par ces entreprises pendant cinq ans.

De la préfabrication à l’industrialisation de logement

Face à la nécessité d’accélérer la mise en place des moyens devant accompagner le programme public de logement, une « véritable refonte » du secteur de la construction a été initiée par le ministère à travers, entre autres, la réorganisation des entreprises de réalisation et l’introduction de procédés industriels, explique le même responsable. Cette nouvelle stratégie permettra une évolution substantielle de la capacité de réalisation des entreprises publiques de 4.600 logements/an actuellement à 32.400 logements/an à l’horizon de 2025.

Toutefois, les systèmes de construction validés ne constituent pas seulement une rupture avec la technique « traditionnelle » mais aussi avec le type de préfabriqué utilisé en Algérie durant les années 70 et 80, selon un responsable du Cnerib. Les anciens systèmes de préfabrication, connus sous diverses appellations (Camus devenu Pascal, Baret, Coopal, Vareco, CSB, Polygon, Gibat…) ont été utilisés par 18 unités nationales de préfabrication dont la dernière a été mise en place en 1979 à M’sila. Ces différents systèmes préfabriqués en usine ou in-situ à travers des unités mobiles ont nécessité de grands investissements publics et des équipements importants de transport et de manutention, ajoute-t-il, soulignant que d’importants programmes de logements et d’équipements avaient été réalisés en utilisant ces systèmes.

Néanmoins, le taux moyen de rentabilité (nombre de logements produits par rapport aux capacités de réalisation) de ces systèmes était de 40% et le taux moyen d’intégration des corps d’état secondaires ne dépassait pas les 30%, précise-t-il. « La nouvelle approche consiste à tirer profit de l’expérience acquise en matière de préfabrication pour passer à l’industrialisation de logements qui s’avère nécessaire face aux capacités limitées de réalisation en Algérie », a noté ce responsable.

Ainsi, le passage de l’ancienne préfabrication à l’industrialisation permettra une vitesse d’exécution supérieure avec plus de précision dans la planification du chantier et moins de dépendance des conditions climatiques, une meilleure maîtrise des coûts, moins d’impact environnemental du chantier et un meilleur contrôle de qualité, énumère-t-il.

Mais pour qu’ils soient adoptés, les systèmes de construction industrialisés doivent répondre à des caractéristiques spécifiques et doivent s’adapter aux contextes sismique, climatique, géographique et économique de chaque région du pays. Le Cnerib exige également que la préfabrication soit faite dans des usines automatisées en utilisant des logiciels informatiques et que le taux d’intégration des corps d’état secondaires soit de 100%. Le responsable estime que l’industrialisation permettra de rendre les métiers du bâtiment plus attractifs au moment où le secteur enregistre un déficit considérable en termes de main d’oeuvre algérienne.

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