Le conseil local de l’ordre des architectes (CLOA) de Constantine, dont «quelque 500 membres sont au chômage, faute d’avoir bénéficié de projets accordés par les maîtres d’oeuvre des projets de développement lancés dans la wilaya», crient à l’irrégularité et à la violation de la loi dans la mise en oeuvre de la procédure «études et réalisation» et les marchés de gré à gré. «Les projets sont plutôt accordés à une liste restreinte de confrères ainsi qu’à des architectes étrangers, non inscrits au tableau national de l’ordre », nous a déclaré, hier, M. Dris Ramdane, secrétaire général du CLOA de Constantine, en ajoutant que le président du Conseil national de l’ordre des architectes, M. Filali, vient de saisir, le 7 avril dernier, par correspondance, le directeur du Logement et des Equipements de la wilaya (DLEP) à ce sujet. Dans ce document dont nous détenons une copie, le président du CNOA, a attiré l’attention du DLEP sur cette pratique illégale, au regard de l’article 17 du décret législatif n° 94-07, du 18 mai 1994, relatif à la production architecturale. Cet article stipule, en effet, que les architectes étrangers doivent être inscrits au tableau national de l’ordre et titulaires d’un agrément précaire et révocable. Et par conséquent, il a demandé au DLEP de Constantine de remédier à cette situation qui, non seulement, viole les lois algériennes mais porte un préjudice grave à la corporation. Contactée hier, Mme Lamia Djeradi, secrétaire générale adjoint du CLOA de Constantine, a confirmé que les architectes étrangers n’ont pas le droit de prendre une partie de la commande publique. «Malheureusement, a-t-elle déploré, ici à Constantine, il semble qu’on ne tient nullement compte des textes réglementaires, régissant le secteur, puisqu’on a recensé des architectes étrangers qui ont pris certains projets, comme celui du musée d’Arts et un autre qui est impliqué dans la construction du pont transrhumel. Et ces étrangers exercent sur le territoire de la wilaya alors qu’ils ne sont pas inscrits au tableau des architectes. Pour nous, ils sont donc en exercice illégal». Ne s’arrêtant pas là, son confrère M. Dris Ramdane, en l’occurrence, a déclaré qu’en matière d’irrégularités commises dans l’attribution des projets par les maîtres d’œuvre ne se sont pas arrêtés au niveau de la procédure étude et réalisation mais sont passés maintenant à un autre stade : celui du suivi «puisque l’on constate que les projets, obéissant à la procédure du gré à gré, ne respectent pas la procédure de la consultation large mais ils sont attribués, arbitrairement, à des architectes figurant parmi : une liste restreinte choisie suivant on ne sait quel critère».

Reprenant la parole, Lamia Djeradi avertira que les architectes de Constantine ne vont pas fermer les yeux sur toutes les infractions à la loi, commises à leur détriment et ils vont saisir toutes les autorités locales et nationales. «Il se peut même qu’on fasse recours aux sit-in et à des manifestations de protestation musclées si nous continuons à être marginalisés et spoliés de nos droits ». Et de terminer, en disant, qu’une large consultation nationale est menée, actuellement, au sein de la corporation pour arrêter les mesures et action à entreprendre, dans ce sens.

Signalons pour notre part que le malaise, existant au sein de la corporation des architectes algériens, n’est pas propre à la wilaya de Constantine, mais qu’il touche plusieurs autres wilayas. A titre d’exemple, le CLOA de Béjaia, par la voix de son président M. Ikhlef Amine Fayçal, nous a déclaré, il y a deux jours de cela, que la dénonciation de cette procédure ‘étude et réalisation’, qui se poursuit un peu partout, depuis environ trois mois, ne travaille nullement la créativité, ni la concurrence loyale, ni le principe fondamental de l‘éthique et de la déontologie. «Auparavant, nous a-t-il expliqué, les pouvoirs publics passaient par la trilogie constituée par celui qui passe commande du projet, le maître de l’ouvrage et le maître de l’œuvre, ce dernier maillon de la chaîne étant l’architecte.

Malheureusement, a-t-il déploré, on a mis de côté cette trilogie, au profit de la procédure ‘étude et réalisation’ qui a la particularité de créer des ‘monopoles, en mettant de côté l’intérêt de l’habitat en général, en ce sens que l’entreprise va chercher d’abord son intérêt commercial».

Source: le Quotidien d’Oran

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