Nos villes offrent un décor repoussant et triste, elles sont surtout de véritables chantiers à ciel ouvert laissés à l’abandon. Toutes les wilayas reflètent malheureusement cette triste réalité. Et cela dure depuis des années. Quoique des rapports d’évaluation établis dans la majorité des régions du pays laissent apparaître que des centaines de projets sont en souffrance, voire à l’abandon, cependant les premiers responsables du pays ne semblent guère s’inquiéter. Des projets sont depuis plusieurs années à la traîne pour
différentes raisons. Problèmes administratifs ou juridiques, alors que l’argent ne constitue pas un problème, ces chantiers nuisent à l’aspect esthétique de nos villes. Ils ressemblent à de véritables ruines. Des centaines de petits projets complètement oubliés, les exemples ne manquent pas et renseignent amplement sur l’absence des pouvoirs publics et le manque de suivi. Avec peu de moyens, des pays ont construit des villes de dimension universelle. Des pays moins riches que l’Algérie ont réalisé des «miracles» en un laps de temps très court. Les pouvoirs publics ont lancé des projets de construction de villes nouvelles aux standings internationaux, de logements, d’établissements éducatifs, de santé et de réalisation d’infrastructures routières pour contenir les besoins des citoyens et hisser les villes algériennes au niveau espéré. Mais, ce qui est à déplorer c’est l’arrêt de centaines de ces chantiers de construction à travers le pays sans qu’il y ait des voix qui s’élèvent pour demander des explications à cette situation de «blocage national». La ressource financière ne fait pas défaut. Mais le savoir-faire et le savoir-être si. Pour de nombreux spécialistes du bâtiment, le résultat escompté des chantiers lancés aurait été plus conséquent si la bureaucratie, la spéculation et la corruption n’avaient pas servi de frein. Cette affirmation fait l’unanimité auprès des chefs d’entreprises nationales et de chefs d’entreprises chinoises, principaux partenaires de l’Algérie, notamment dans le secteur du bâtiment. Tandis que du côté officiel, les institutions en charge de ces projets à l’arrêt ne sont pas inquiétées, du côté des entreprises la sonnette d’alarme a été tirée à plusieurs reprises. Ces dernières affirment que pour entamer la réalisation d’un projet
quelconque, l’entreprise en charge doit effectuer un véritable parcours du combattant. En plus de l’insuffisance de bureaux d’études performants et de personnel compétent (architectes, ingénieurs, techniciens), il y a aussi l’absence d’une main-d’œuvre qualifiée, d’entreprises de réalisation réellement structurées et dotées de moyens humains, matériels et financiers conséquents, et il faut compter avec la pénurie chronique des matériaux de construction. Sans parler de la contrainte du foncier et de la gestion du financement, aggravée par la bureaucratie pratiquée à différents niveaux des institutions de l’Etat. Le secteur des travaux publics enregistre des retards dans des projets qui lui sont confiés, ainsi que des malfaçons dans les réalisations, alors qu’un énorme budget lui est accordé.
La réalisation des projets, c’est le résultat d’une parfaite coordination entre plusieurs secteurs appelés à accorder leurs efforts au même rythme d’avancement des travaux. Il faut dire que le retard qu’enregistrent ces projets n’est pas dû à un manque de moyens ou de financement, mais plutôt au manque d’organisation et de coordination. Beaucoup de projets ne sont pas lancés, ou bien connaissent un rythme d’avancement des travaux très lent. Il faudra réorganiser et renforcer l’outil de réalisation, muscler nos capacités d’études, de contrôle et de suivi des travaux, préparer ainsi le terrain à une rationalisation de nos dépenses d’investissements et au développement de nos ressources humaines. Parvenir ainsi à réaliser les grands et moyens projets dans les délais, dans le respect des coûts et des normes de qualité. Notre pays dispose de compétences et de moyens, ce qui nous manque, par contre, c’est l’organisation. Comment peut-on parler de développement local et d’amélioration du cadre et des conditions de vie des citoyens avec des chantiers à l’abandon ?
Les pouvoirs publics sont tenus de savoir comment l’argent public a été dépensé pour des chantiers qui n’en finissent pas et doivent sévir pour mettre fin à de telles situations qui, en plus, génèrent de multiple risques. Il est à signaler aussi que certains entrepreneurs ne respectent pas la loi et abandonnent les gravats sur la voie publique, causant, outre des dégâts en cas de chutes de pluie, des préjudices financiers considérables aux caisses de l’Etat et portant atteinte à l’esthétique de la ville. Toute interruption de chantier coûte de l’argent, c’est une règle dans le secteur du bâtiment. En Algérie, ’interruption et les surcoûts sont compensés par des travaux de piètre qualité, bâclés et de fait non conformes aux normes. Si l’argent de l’Etat coule à flots, c’est pour être dépensé au profit des citoyens, pour satisfaire leurs besoins ssentiels. On ne peut parler de développement local avec de telles défaillances concernant le choix des entreprises, dont le seul objectif est de s’enrichir à moindre frais, l’absence de suivi et surtout l’impunité. Ce problème de chantiers à l’arrêt donne à nos quartiers l’apparence d’un vaste chantier abandonné. Routes et trottoirs décapés, espaces verts délaissés et matériaux de construction abandonnés un peu partout. Face à cette situation, la première réaction de certaines entreprises est de procéder à des travaux de bricolage pour tenter d’améliorer un tant soit peu l’environnement. Les pouvoirs publics et le ministère des Travaux publics, en particulier, sont interpellés et devront se pencher sur ce dossier sensible afin de parachever les projets en hibernation.
Source:La Tribune

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