Hormis des petites opérations liées à des emprises d’assiettes, Alger n’a pas connu de relogement d’envergure depuis fin 2010 alors que la wilaya prévoit, pour le programme 2014, pas moins de 25 000 unités, chiffre qui revoit à la hausse les prévisions annoncées de 22 000 logements.

La réalisation de ce programme colossal est répartie, selon les services concernés de la wilaya, sur 16 sites de communes de la capitale comme Birtouta, Eucalyptus, Kheraïcia, Douéra, Tessala El-Merdja, Ouled Chebel, Bentalha et Saoula, totalisant 16 000 logements et 4 sites de la wilaya de Blida avec un global d’environ 9 000 logements. C’est dire que le foncier reste un problème pour Alger dont certains programmes d’équipements publics continuent de buter contre la rareté des terrains. Du côté de la Direction du logement, les responsables soulignent, toutefois, l’importance donnée à la qualité des logements réalisés avec des matériaux nobles. Les cités ne sont plus, comme par le passé, des dortoirs, mais elles sont dotées de toutes les commodités nécessaires. Outre les viabilisations classiques, on notera les espaces verts, les aires de jeux, les commerces, les marchés de proximité, les centres de soins. En somme, on parle désormais de cités intégrées et dont la sécurité n’est pas reléguée au second plan, puisque des dispositions sont prises pour ce chapitre en dotant les sites de postes de police, un facteur inclus suite aux expériences vécues dans ce domaine au niveau de certaines cités à Draria, Souidania ou Aïn Melha. Parallèlement et dans le but de se rapprocher davantage des citoyens, des services de proximité sont proposés avec l’installation d’agences ou antennes de Sonelgaz, Seaal, Poste, Algérie Télécom, etc.

Enquêtes et contrôles : casse-tête des commissions
Pour les services de la wilaya, ce ne sont pas les logements qui ne sont pas prêts. Bien au contraire, plus de 22 000 unités sont fin prêtes, mais il se trouve que des impondérables sont venus se greffer pour perturber leur distribution. Le plus important facteur a été mis en évidence par le wali lui-même, à plusieurs occasions, à savoir l’étude des dossiers des bénéficiaires, une opération loin d’être une simple formalité quand on sait toutes les tracasseries qui y sont liées. Alors que le recensement des familles a été arrêté en 2007, beaucoup d’intrus encouragés par une certaine complicité ont été portés sur les listes. Le travail des commissions d’enquête s’avère ardu et demande beaucoup plus de temps qu’on ne le croit. Pour éviter, nous dit-on, de tomber dans les mêmes erreurs souvent exploitées par les spéculateurs qui s’adonnent sans scrupule au trafic de logements, l’enquête doit être minutieuse afin que le logement aille à celui qui le mérite. Les commissions travaillant dans chaque circonscription administrative et présidée par le wali délégué est, en plus de ce dernier, composée du maire et des représentants des différents services de sécurité qui ont pour mission de traiter et d’enquêter sur les demandeurs. Un travail est également fait au fichier national du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville. Après traitement, près de 10% des dossiers sont rejetés par le filtre pour raison de non-conformité des renseignements donnés avec ceux de l’enquête. Le certificat de résidence, explique-t-on à la Direction du logement, est souvent à la base de spéculation mais, ajoutera le responsable de cette structure, les citoyens doivent prêter main forte aux enquêteurs car le spéculateur peut spolier le droit du bénéficiaire légal. Il est important de savoir que les logements sociaux sont destinés à environ sept catégories de citoyens à savoir ceux des bidonvilles, les restants du programme des chalets, les grands ensembles des cités populaires occupant des F1, les familles issues des emprises des projets d’utilité publique (expropriations pour projets d’utilité générale), les ménages occupant les caves et terrasses, les immeubles menaçant ruine (IMR), un quota pour les circonscriptions administratives et un autre pour les commissions d’attribution conformément au décret 08/142 (famille nombreuse dans un logement exigu). Sur un autre plan, le décalage du relogement est lié à une raison purement technique ayant rapport avec la disponibilité des équipements publics et notamment les établissements scolaires. On ne peut, en effet, installer des familles dans un site si ce dernier n’est pas doté desdits établissements des trois paliers scolaires : primaire, moyen et secondaire, quand bien même la commune dont il dépend, en serait pourvue. Car la charge que vont subir les établissements existants avec l’arrivée de nouveaux élèves, se fera sentir lourdement.

Et cette histoire de carte de vote ?
À en croire les services concernés, la carte d’électeur est généralement un document fiable pour prouver la résidence. On la demande généralement pour s’assurer que le demandeur de logement est réellement inscrit sur le fichier de la commune. Toutefois, seule la photocopie du recto de cette carte est demandée, sachant que ce volet ne renferme que l’identité de la personne et son adresse, alors que la partie verso est réservée au bureau de vote. Cependant, ce document a donné lieu, récemment, à des interprétations que certains ont qualifiées de fantaisistes. Il semblerait qu’un P/APC d’une commune de l’est d’Alger aurait commis l’impair de déclarer que cette carte est exigée pour le prochain relogement que la wilaya s’attelle, actuellement, à préparer. Le wali d’Alger, contacté à cet effet, a formellement démenti avoir donné des instructions dans ce sens. S’en est suivi d’ailleurs un communiqué de presse adressé aux rédactions faisant savoir que la wilaya n’a jamais exigé cette pièce dans la constitution du dossier ouvrant droit au relogement et les seuls documents demandés à cet effet sont une photocopie de la carte nationale d’identité, un acte de naissance n°12, une fiche familiale pour indiquer le nombre de personnes vivant sous le même toit et une photo. Le communiqué précise aussi que l’État a mis à la disposition des différentes commissions chargées de gérer et traiter les dossiers les moyens susceptibles d’enquêter sur l’identité des bénéficiaires dans le strict respect de la loi, et ce, pour éviter toute forme de fraude et de spéculation. La wilaya informe dans ce cadre qu’elle se réserve le droit de prendre des mesures contre toute personne exigeant ce document.
Concernant le grand relogement tant attendu, la wilaya ne peut, selon Mohamed Smaïl, chargé d’études et de synthèse et coordinateur des commissions des CA, avancer une date précise dans la mesure où les enquêtes ne sont pas encore terminées. Sur 22 000 dossiers, 9 000 ont été traités. Le retard essentiel est lié, selon ce responsable, aux fiches d’enquêtes. Ce qui est certain, c’est que le relogement se fera certainement durant cet été pour la bonne raison que le différer à l’automne pourrait entraîner des contraintes, notamment pour les familles ayant des enfants scolarisés.
Source: Liberté

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