L’absence de contrôle et d’évaluation de l’efficience dans la distribution des ressources bancaires est pointée du doigt.

La question de l’efficience dans l’utilisation de l’argent public et des ressources bancaires se pose de nouveau avec acuité. Elle s’invite en filigrane dans les réponses du Premier ministre jeudi à l’APN concernant en particulier l’allocation des crédits. En effet, le Premier ministre Ouyahia a affirmé, jeudi dernier, que les banques détiennent 800 milliards de dinars de créances sur les entreprises dont 11% non recouvrés. Ce chiffre semble minimiser l’importance de ces créances non performantes, quand on sait que les banques publiques ont, pendant longtemps, obéi à des injonctions dans l’allocation des crédits et que les bénéficiaires de par leurs statuts ont toujours considéré que ce sont des crédits non remboursables. Qui osera leur porter la contradiction et les obliger à rembourser rapidement leurs prêts ?
Conséquence : les banques publiques sont, de ce fait, obligées de provisionner pour se protéger contre ce risque. Mais cet argent, au lieu d’aller à des projets d’investissements qui créent de la richesse et de l’emploi, est employé dans les provisions. Cette situation remonte à au moins une ou deux décennies. Imaginez le montant cumulé provisionné au cours de toutes ces années.
Voilà l’une des raisons pourquoi l’Algérie n’avance pas économiquement, en tout cas crée moins de richesses et d’emplois.
Le Premier ministre a également indiqué que les crédits à l’économie distribués ont atteint 8 700 milliards de dinars dont 4 000 milliards au secteur public, 3 000 milliards de dinars au secteur privé. Comme à l’accoutumée, les chiffres ne distinguent pas les crédits à l’exploitation qui couvrent les besoins de trésorerie des entreprises et les crédits à l’investissement. Dans le chapitre crédits à l’investissement, il s’agit de savoir si ces prêts vers des projets productifs structurants ou des projets productifs rentables créent de l’emploi et des richesses et viennent ou non en substitution aux importations.
“Tout cela est anormal. Cela veut dire qu’on donne des crédits importants à des entreprises sans tenir compte de la valeur de leurs actifs. Cela veut dire qu’il n’y a pas de contrôle de l’usage de cet argent, ni d’évaluation de l’efficacité de cette allocation de ressources bancaires”, alerte Noureddine Leghliel, analyste financier, ancien spécialiste des marchés à la banque suédoise Carnegie.
Car on peut se demander comment avec 80 milliards de dollars de crédits distribués annuellement, cela n’a pas un impact important sur la croissance du PIB, sur la création d’emplois et de richesses.
Comment avec un tel volume qui s’ajoute aux dépenses publiques importantes dans le logement, les investissement importants de Sonatrach et de Sonelgaz dans le secteur de l’énergie, on ait un taux de croissance qui ne dépasse pas les 5% et un taux de chômage qui dépasse les 10%.
On pourrait invoquer la crise derrière ces résultats. Mais la mauvaise gestion du pays, l’inefficacité dans l’allocation des ressources expliquent, également, ces contre-performances.
Autre facteur important : les initiatives du secteur privé ne sont pas suffisamment libérées. À cela s’ajoutent la pesanteur du politique, de la conjoncture actuelle marquée par le manque de ressources financières et le manque de visibilité. Tout cela participe à un phénomène de “trou d’air”, constate un banquier, en un mot des hésitations des opérateurs privés à contracter de nouveaux crédits d’investissement pour leurs projets d’expansion. Tout cela a un coût qui impacte négativement l’évolution de l’économie nationale et le bien-être de la majorité des citoyens.

Source:Liberté 24-09-2017

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