Se loger, une obsession bien algérienne. Près d’un million de personnes pourraient très vite être logées dans des cités AADL si toutefois le gouvernement tient sa promesse de réaliser 230 000 logements en 24 mois.

Une urgence qui laisse peu de place à l’ambition de construire des villes harmonieuses qui induisent un modèle de société apaisant. «On continue de vouloir construire des logements dans l’urgence alors qu’il faut créer des villes dans lesquelles le logement s’inscrit», s’inquiète Marhoum Larbi, architecte urbaniste, 2e prix national d’architecture 2012. Au-delà de la faisabilité technique de ce programme de construction dans les délais, ce qui lui semble «irréalisable», toute son attention se porte sur le modèle de société que ces constructions impliquent. «Il y a une forme de déterminisme vicieux entre la forme urbaine et la vie sociale ; l’une conditionne l’autre. Or, la dimension ville n’est pas intégrée dans la façon de concevoir le territoire», explique-t-il.

L’expert va encore plus loin dans son analyse. Ce programme de logement est, pour lui, «une énième opération de gaspillage qui règle un problème d’urgence, celui de loger des demandeurs mais qui en crée dix autres plus difficiles à régler». La question des cités-dortoirs qui déstructurent le tissu social s’impose encore une fois. Ghettoïsation, violence, absence de mixité sociale et difficulté d’occuper l’espace public «censé être pacificateur». Autant d’éléments inquiétants.

En janvier 2013, Le président Bouteflika déclarait vouloir en finir avec les cités-dortoirs, exactement comme il l’avait déjà dit il y a 7 ans, pourtant l’Algérie a continué à en construire. Urgence oblige. Le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, promet «des cités intégrées» dans son programme AADL. Là encore, les professionnels restent sceptiques. Halim Faidi, architecte urbaniste, résume la problématique en ces termes : «Le logement ne représente que 30% de notre environnement urbain. Nous savons construire des logements, mais les 70% restants de l’environnement urbain censé produire de l’harmonie reste manquant.»

Un point sur lequel Marhoun Larbi le rejoint entièrement : «Il y a un déterminisme qui implique le vivre-ensemble, le comportement citadin. Il y a une relation directe, assez complexe, entre l’espace physique et l’espace mental qu’il faut prendre en compte.» Pour ces experts, il ne s’agit pas d’inventer. Mais seulement «de choisir un modèle urbain qui fonctionne et de l’appliquer».

 

Source : Elwatan

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