Il s’agit des familles des pionniers cadres de l’État qui ont contribué à l’introduction de l’informatique en Algérie et à la fondation de l’ancien Commissariat national à l’informatique, l’ENSI à présent.

D’ancien travailleurs de l’ENSI (Entreprise nationale des systèmes informatiques) vivent depuis le mois de novembre dernier dans la hantise de l’évacuation manu militari de leurs appartements qu’ils occupent depuis trente ans à la cité des 618-Logements à Mohammadia (ex-Lavigerie), a-t-on su de ce collectif qui s’est présenté à notre rédaction avec un rapport circonstanciel des faits en main. “C’en est ainsi au bout d’une carrière de fidélité à notre employeur que nous avions vu naître en 1969. En attestent aussi nos bons et loyaux services qui ont abouti contre toute attente à des verdicts d’expulsion prononcés par la cour d’Alger, alors qu’en réalité nous sommes en possession d’ordonnances de référé qui datent de mars 2016, donc exécutoires, puisqu’elles décrètent la poursuite de l’exécution de jugements encore valides rendus en 1995 en notre faveur, dont la plupart des familles souffrent à l’heure qu’il est de maladies chroniques, pendant que d’autres collègues gisent handicapés après avoir contribué à l’expansion de l’ancien Commissariat national à l’informatique, dont est issu l’ENSI”, ont déclaré ces laissés-pour-compte. Outre qu’ils sont convaincus qu’ils sont dans leur bon droit, ces cas sociaux et dignes d’intérêt ont acquis autorité de la chose jugée. S’il en est une preuve, celle-ci est à lire dans les jugements rendus en leur faveur en 1995 par le tribunal d’El-Harrach et qui ordonnaient à l’opérateur ENSI, sis sur la RN5 à Cinq-Maisons (Mohammadia) d’exécuter une résolution arrêtée et convenue en date du 19 décembre 1989 par l’organe dirigeant, en l’occurrence le conseil d’administration de l’ENSI qui avait prononcé à l’unanimité de ses membres la cession pure et simple des 50 logements à caractère social au profit exclusif de ces travailleurs, eu égard à l’application de la loi n°81-01 du 7 février 1981 et d’autres textes d’application y afférents, portant cession des biens immobiliers à usage d’habitation, professionnel, commercial ou artisanal de l’État des collectivités locales, des OPGI et des entreprises, établissements et organismes publics, a-t-on appris de nos interlocuteurs. D’autant plus que ces logements n’ont pas le caractère d’astreinte, puisqu’ils ont été érigés hors de l’enceinte de l’ENSI et situés à la cité des 618-Logements à Mohammadia, ont tenu à préciser nos interlocuteurs. “Seulement, la résolution ne fut pas suivie d’effet par l’ENSI, et c’est ce qui a motivé le collectif des travailleurs à engager une procédure par-devant le tribunal d’El-Harrach qui a rendu en novembre 1995 des jugements encore valides, exécutoires et ayant autorité de la chose jugée, ordonnant à l’ENSI d’exécuter la résolution prise par son conseil d’administration du 19 décembre1989 portant cession des 50 logements au bénéfice des travailleurs. En mars 2016, ces jugements de 1995 ont été confirmés par le même tribunal qui a rendu en premier et dernier ressort des ordonnances pour qu’elle poursuive leur exécution”, ont déclaré nos hôtes. Autre acquis à leur avantage, les bénéficiaires de logements ont été destinataires de correspondances émanant de leur employeur les informant que “les loyers versés seront défalqués lors de la cession du logement qu’ils occupent”. Mieux, l’aspect pécuniaire fut étayé par la résolution votée le 20 avril 2005 par l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires qui “exhorte l’ENSI à remettre les 50 logements considérés comme actif excédentaire aux domaines de la wilaya d’Alger afin qu’ils les vendent eux-mêmes aux locataires”, peut-on lire sur la doléance d’anciens travailleurs de l’ENSI. Autre étrangeté, si le bâtiment de la cité Daksi à Constantine fut versé à l’administration des domaines de l’Est, en revanche ce ne fut pas le cas du dossier des 50 logements dont le transfert accuse des tergiversations que les travailleurs de l’ENSI ne s’expliquent pas (sic). Étrange revirement et contre toute attente, au mois de novembre 2015, les habitants des bâtiments 42, 43, 44, 45 A et 45 B ont été mis en demeure par voie d’huissier d’évacuer les logements au motif qu’ils n’exercent plus dans l’entreprise, “alors que notre cessation de relation de travail pour démission ou départ à la retraite fut honorée de la mention ‘’nous quitte libre de tout engagement’’”. L’ENSI s’est désintéressée depuis 1987 de la maintenance immobilière de ce parc immobilier, qui doit sa longévité à ses occupants. Autre grief : “Il n’existe dans les actifs de l’ENSI aucun titre de propriété qui lui octroie le moindre droit de regard sur les 50 logements. Pis, l’ENSI n’a pas acquis auprès des domaines la parcelle de terrain sur laquelle sont érigés nos logements, ni n’a remboursé l’intégralité du prêt de 14 180 000 DA que lui avait alloué le Trésor public. En effet, l’ENSI ne s’est acquittée que de 4 000 000 DA. Et depuis l’exercice 1997, l’ENSI demeure redevable d’un reliquat de crédit à rembourser de 10 180 000 DA, intérêts non compris”, ont conclu nos interlocuteurs. D’où le vœu de surseoir à l’exécution de ces  décisions d’expulsion par la force publique contre les pionniers cadres de l’État qui ont contribué à la vulgarisation de l’informatique en Algérie et à son introduction au sein des institutions publiques. D’où le geste humanitaire à ce que ces logements reviennent de droit aux pionniers de la filière informatique et aussi à celles et ceux qui avaient concouru par leur soutien technique et administratif à l’essor du légendaire Commissariat national à l’informatique (CNI). Ces pionniers attendent un geste du premier magistrat du pays, Abdelaziz Bouteflika.

Source: Liberté 19-12-2016

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