Alger capitale sans bidonville, le seul pays en Afrique à se targuer d’un pareil challenge, c’est beau. Mais un bonheur n’est jamais parfait. Aux youyous de joie après avoir reçu les clés d’un nouvel appartement, succède l’inquiétude de la scolarisation. Les enfants du relogement auront-ils tous une place demain à l’occasion de la rentrée scolaire? certainement oui, mais avec du retard… Déjà que la pression est énorme, notamment sur Alger Ouest qui doit accueillir quelque 282.000 élèves. Un rythme effréné marque depuis ces derniers jours la réalisation de nouvelles structures scolaires au niveau des communes d’Alger pour que ces établissements soient prêts à accueillir les élèves, notamment ceux des familles relogées récemment. Les entreprises de réalisation et d’équipement étaient sommées de se conformer aux cahiers des charges pour la réalisation et la livraison des ouvrages et qu’elles assumaient la responsabilité de la moindre défaillance. Mais on connaît les résultats d’un travail fait dans la célérité et l’empressement. Cet éventuel retard de quelques jours ou de quelques semaines, tout au plus, aura l’effet d’un miroir grossissant pour les manques et déficits dont souffrent les nouvelles cités. Il n’y a pas que les salles de classe qui manquent! Sur le plan des structures sanitaires, Alger-Ouest, où se trouve le plus grand nombre de relogés, suffoque. Les établissements de proximité ne suffisent plus face au rush des relogés. Que dire alors des transports, des bureaux de postes, d’antennes de banques etc… La construction de logements a toujours obéi à cette fausse équation: construire vite, le plus possible et au moindre coût. A la mesure de cette démarche biaisée, le résultat a été désastreux dans ces cités urbaines où les moyens de détente, font terriblement défaut. Pas de stades, pas de piscine, pas d’espaces verts, de rares aires de jeux pour les enfants. C’est de la science-fiction que de parler de cinéma dans ces cités sans âme tout comme le théâtre d’ailleurs. L’Etat a été très généreux en moyens financiers pour un bien-être social, mais la construction des logements s’est souvent limitée à l’aspect quantitatif, une approche qui a donné lieu à l’émergence de cités-dortoirs qui n’ont fait qu’élargir les disparités et renforcer les sentiments de frustration et de marginalisation sociales. On retombe alors dans les mêmes travers qui sévissaient dans les bidonvilles, à savoir la mal-vie, l’inconfort et l’insécurité. On se rappelle qu’au début des années 2000, le président Bouteflika avait banni la construction des logements F2, il avait ensuite interdit la livraison des cités sans VRD et il a dénoncé il y a trois ans déjà cette situation de cités dortoirs..
Source: L’expression le 03-09-2016

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