on propose la réévaluation du parc immobilier et une révision à la baisse des taux de l’impôt qui encouragerait le citoyen à déclarer le prix réel de son bien.

Les prix de l’immobilier flambent à Alger et dans toutes les grandes villes du nord du pays. Cette flambée ne date pas d’hier, puisque de récentes études, notamment celles réalisées par le cabinet international Mercer Human Resource Consulting, ont classé Alger comme la cinquantième ville la plus chère au monde.
Dans le Monde arabe, la capitale algérienne vient juste après Dubaï et Abou Dhabi, alors qu’en Afrique, elle est considérée comme étant la cinquième ville la plus chère du continent. L’étude qui évalue les villes se base sur une série de critères qui sont surtout le coût de l’immobilier. Cette flambée des prix de l’immobilier concerne, désormais, toutes les grandes villes du nord du pays. Particulièrement celles desservies par l’autoroute Est-Ouest.
Le prix du terrain ou du logement atteint des sommets vertigineux. A titre d’illustration l’on indique qu’un appartement à Alger, dans n’importe quel quartier populaire, «coûte plus cher qu’un appartement haut standing dans une zone touristique à Marrakech!», il faut débourser au moins sept millions de dinars (7 millions DA) soit 700 millions de centimes pour espérer habiter un F2 dans une petite commune. Cette somme peut quintupler lorsqu’il s’agit d’un appartement de même superficie, situé dans une grande ville comme la capitale où le prix de l’immobilier atteint des sommes astronomiques. Acheter un logement cash est devenu une utopie pour un citoyen issu de la classe moyenne, estiment les observateurs. Mais quelles sont les raisons de ces hausses implacables du coût du terrain ou du logement? Les seuils de prix intolérables atteints sont la conséquence d’une conjugaison de facteurs, notamment le déficit structurel de l’offre de logement, la multiplication des intermédiaires, le recyclage des surliquidités du marché informel et le dysfonctionnement du dispositif de contrôle fiscal. Le déficit offre-demande paraît être la première cause justifiant la surenchère actuelle des prix.
Le président de la Fédération nationale des agences immobilières (Fnai) M.Aouidat, confirme ce constat et explique que le marché de l’immobilier est maintenu sous la pression d’un déficit de logement jusque-là non absorbé. Au déficit offre-demande, l’on ajoute le rôle néfaste joué par les intermédiaires de tout poil, illégaux et anonymes dans la plupart des cas. Ces derniers interviennent dans les transactions immobilières et faussent la réalité des prix.«Près de 80% des transactions immobilières sont assurées par des intermédiaires anonymes» affirme M Aouidat expliquant que «le marché de l’immobilier n’étant pas visible, tout le monde y intervient».
Détaillant les dysfonctionnements de ce marché, le président de la Fnai souligne que deux ou trois intermédiaires peuvent se relayer sur un même produit immobilier et provoquer artificiellement une surenchère des prix dans le seul souci d’un gain plus important.
Sur une période de dix ans (2003-2013), l’inflation affectant l’immobilier a, ainsi, connu une ascension vertigineuse oscillant entre 400 et 600%. Evoquant les niveaux actuels des prix, M.Aouidat affiche une certaine prudence, mais avance «un prix moyen de 140.000 DA le m2 pour les villes du nord du pays, soit près de 15 millions de dinars pour un F4». Il nuance cependant son propos, en précisant que des paramètres liés au site d’implantation (quartier), aux commodités disponibles et à l’âge de la bâtisse doivent être pris en compte.
«A Alger, le prix d’un F4 de 90 m2 peut ainsi être négocié entre 6 millions et 30 millions de dinars» assure-t-il. M.Aouidat a déploré l’absence du métier d’évaluateur de biens, tout en soulignant l’impérieuse nécessité de sa mise en place, en vue d’introduire une dose de rationalité dans l’évaluation financière des biens.
Le même intervenant aborde la question de l’origine des fonds qui alimentent une forte tendance à la flambée des prix, M Aouidat évoque l’hypothèse d’un blanchiment massif de liquidités financières. «Quand je parle de blanchiment d’argent, cela ne veut pas dire qu’il s’agisse nécessairement d’activités illicites (trafic de drogue ou contrebande). De notre point de vue, l’explication la plus probable est que l’argent investi dans l’immobilier est issu de l’économie informelle et de l’évasion fiscale» relève-t-il.
M.Aouidat cite certaines transactions conclues en toute illégalité, dont la vente de logements publics locatifs, et de logement Aadl. Il déploré l’existence de telles pratiques qui «sont une porte ouverte à d’inextricables contentieux».
A l’en croire, les transactions illégales touchent également les lots de terrains à bâtir. M.Aouidat relève que des lots de terrains sont encore vendus à la périphérie d’Alger, en recourant à la procédure de vente illégale dite «du papier timbré». «Ces transactions conclues en toute opacité, souvent sur des propriétés privées frappées de l’indivision, aboutissent inéluctablement à encombrer les salles d’audience des tribunaux» assure-t-il.
La sous-déclaration du montant des transactions (vente ou location) lors de l’établissement de l’acte notarié, constitue une autre pratique dénoncée par le président de la Fnai. «Cette sous-déclaration évaluée à près de 50% du prix réel est une pratique généralisée, que nous avons souhaité éliminer en faisant une série de propositions à l’attention des pouvoirs publics.»

Source: L’Expression

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