L e gouvernement réunira les walis aujourd’hui au Palais des nations (Club des Pins) à Alger.

A l’ordre du jour, «les préoccupations du citoyen, notamment l’amélioration de ses conditions socioéconomiques, la modernisation du service public et la relance du développement local».

Cette rencontre, qui intervient dans un contexte de crise due à la chute des prix du pétrole et ses incidences, entre autres le tarissement de la rente qui alimentait autrefois l’économie, a visiblement pour objectif de trouver d’autres niches de revenus par le biais du développement local.

Si la démarche consiste, comme le soulignait le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Mohamed Bedoui, à relancer «une importante tradition du travail de l’administration et du gouvernement à l’effet d’évaluer les activités des walis de la République et d’apporter les correctifs nécessaires», elle portera également sur les moyens et les mécanismes à mettre en place pour aller chercher, au niveau local, d’autres sources de financement afin de rééquilibrer un tant soit peu des déficits budgétaires qui risquent de s’aggraver encore plus avec les prix du pétrole qui peinent toujours à se redresser.

C’est en ces temps de disette que le gouvernement Sellal va demander encore une fois, après l’avoir fait en 2015, aux responsables des collectivités locales d’aller vers «un surpassement de soi»  pour contribuer à l’effort de développement national. Aujourd’hui, l’on va assurément entendre le même discours qu’il y a un an sur «le rôle des autorités locales, à leur tête les walis, et bien sûr les présidents des APC» et «l’importance de l’action des élus locaux dans la politique de développement économique».

Mais comment l’Exécutif entend-il, via les walis et les élus locaux, réaliser un véritable envol économique ? Le pari s’annonce difficile et la tâche s’avère d’une inextricable complexité, même si le gouvernement a choisi la voie de la facilité en se tournant vers l’augmentation tous azimuts des impôts et autres taxes. Le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, a esquissé dans une récente intervention publique le nouveau rôle dédié aux présidents d’APC dans la collecte de l’impôt. Ce sont eux, disait-il, qui, grâce à leur proximité avec les entreprises, peuvent optimiser les rendements de la fiscalité locale.

Et c’est de cela qu’il s’agit en réalité lorsqu’on parle de «l’amélioration des services publics et des différentes prestations pour la redynamisation du développement local et l’amélioration du quotidien du citoyen». Car le développement local suppose un nouveau cadre législatif, de nouvelles lois régissant la fiscalité et bien entendu une volonté politique prônant la décentralisation de la décision économique. L’on ne sait, d’ailleurs, pas comment un président d’APC, qui n’a même pas la prérogative d’attribuer un logement social ou une parcelle de foncier pour le lancement d’un investissement dans sa commune, peut se transformer du jour au lendemain en «acteur agissant» du développement local.

Dans une contribution parvenue à notre rédaction, le professeur d’université et expert international, Abderrahmane Mebtoul, soutient à juste titre que «ce sont les pays qui ont développé des décentralisations réelles et non des déconcentrations, synchronisant gouvernance centrale et locale, qui ont le mieux réussi leur développement». Pour l’Algérie, ce n’est évidemment pas le cas. Avec une bureaucratie lourde et des responsables locaux totalement ligotés par le pouvoir central et complètement désarmés par les différents dispositifs législatifs, on voit mal l’amorçage d’un développement à partir de l’institution communale ou de wilaya.

Quand bien même M. Bedoui pouvait le préconiser, en soutenant lors des réunions avec les walis des différentes régions du pays, l’été dernier, que les responsables locaux ne peuvent plus se contenter d’être de «simples exécutants mais doivent participer pleinement à la prise de décision et à l’élaboration de projets à haut rendement».

Source: Elwatan 12-11-2016

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