Sociologues, urbanistes et historiens, s’accordent à dire que jusqu’au début des années 70, la question du logement dans de nombreuses villes du Pays, était encore relativement maîtrisable et ne se présentait pas en tout cas en termes de crise chronique difficile à juguler. L’ampleur de l’exode rural vers les pôles d’attraction industriels en zone urbaine allait on le sait, constituer le premier facteur de «surpeuplement» de nos grandes villes. Les bidonvilles ceinturant les centres urbains, ont proliféré, et le taux moyen d’occupation a rapidement atteint le record de 8 personnes par logement, l’un des plus élevés au monde. La question du logement allait vite s’imposer comme une priorité absolue, sans que les décideurs et gouvernants de l’époque, ne daignent l’inscrire dans le cadre d’une véritable stratégie de gestion des grandes villes avec des scénarios de projection à long terme. Et malgré les milliers de logements qui allaient être réalisés à chaque programme quinquennal, l’Algérie est entrée dans une logique de déficit toujours difficile à résorber en raison d’un fort taux d’accroissement de la population et d’un exode rural sans précédent. L’échec des gestionnaires à endiguer la crise, relève évidemment de la nature du Système politique de l’époque. Un système plombé, gangrené par des faunes d’opportunistes et de spéculateurs qui allaient largement détourner les programmes de logements sociaux à leur profit. Durant des années, de véritables réseaux mafieux se sont ainsi constitués sous l’égide de certains responsables locaux, d’intermédiaires et affairistes de tous bords souvent parrainés par une «grosse cylindrée» du système. Des dizaines de milliers de logements, en principe destinés aux mal-logés et aux plus démunis, ont été détournés au profit des proches, des amis, des membres d’un clan ou d’un réseau mafieux qui les ont vendus et revendus, constituant ainsi le début de leur fortune. Le logement social était au cœur d’un véritable trafic à ciel ouvert organisé par certains commis de l’Etat dans l’impunité totale. L’ampleur de ce détournement ne pouvait qu’accentuer la fracture et l’injustice sociale: Tandis que quelques foyers privilégiés, disposaient de trois, quatre, voire cinq demeures, une majorité de foyers algériens s’entassent à plusieurs dans une seule chambre ou un gourbi. Cela expliquait la statistique tout aussi officielle de l’époque indiquant que plus 1,2 million de logements affectés, demeuraient toujours vides, inoccupés. Aujourd’hui encore, certains, qui ont un fil à la patte avec des sphères mafieuses de trafic de logements sociaux, jouissent de la même impunité et de la même «notoriété» politico-sociale. Par la grâce du multipartisme balbutiant, on les retrouve parfois en poste au sein de quelques Assemblées élues, n’agissant que pour contrôler les commandes d’une Mairie et assouvir leurs féroces appétits

Source ouest tribune

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