L’agenda de la wilaya, fraîchement mis à jour, prévoyant l’exécution au 1er trimestre de l’année qui pointe son nez de la deuxième tranche de 3.000 logements relevant du programme de 11.000 unités des Planteurs, le début du processus de ré-urbanisation de ce site est, si tout passe comme prévu, un acte à court terme.

Cet important pan de la carte d’Oran, notamment en termes de position géographique, était l’un des dossiers principaux de l’ordre du jour d’une récente réunion de coordination consacrée au secteur de l’habitat et présidée par le wali d’Oran. Avec comme double thème corrélé dans ce cas d’espèce: la résorption de l’habitat précaire et la récupération de réserves foncières en vue de leur ré-urbanisation. Procéder par étape. Aménager par partie. C’est la démarche arrêtée donc pour ré-urbaniser, restructurer et revitaliser le site des Planteurs. Passer à l’action, doucement et modérément, et ne pas attendre l’hypothétique éradication intégrale du bidonville. Les éléments se juxtaposeront, les pièces s’emboîteront les unes dans les autres, donnant corps au POS au fur et à mesure. Peu à peu, on y voit donc un peu plus clair. La ré-urbanisation de l’espace bidonvillisé perché à flanc de montagne, surplombant le quartier de Sidi El-Houari à hauteur des Planteurs et dont les tentacules s’étendent à Ras El-Aïn, Couchet El-Djir et El-Hassi, n’étant plus une «option» dans les projections des pouvoirs publics, mais une décision prise, un projet approuvé, le processus se fera par phasage. La décision d’injecter au niveau des Planteurs le gros d’un programme de logements déjà notifié à la wilaya, celui du LPA sous sa nouvelle version, portant sur une consistance de 1.800 unités dont l’Agence foncière et l’OPGI se taillent une part de 300 chacun, actera la naissance d’un nouvel ensemble urbain peu consommateur d’espace, qui émergera de dessous les décombres. Ce quota de logements publics, ajouté à un autre quota de logements LPP, pour lequel on avait choisi les Planteurs comme lieu d’implantation sur instruction du chef de l’exécutif Mouloud Cherifi, se veut a priori être la première pierre dans le dispositif de ré-urbanisation du site après sa débidonvillisation partielle par îlots consécutifs. Les études géotechniques ont été même déjà accomplies et un cahier des charges a été approuvé par la commission technique DL-DUAC (direction du Logement et direction de l’Urbanisme, de l’Architecture et de la Construction). Un avis d’appel d’offres pour le choix des entreprises de réalisation de ce programme LPA a été déjà lancé. Quatre sur les cinq sites composant le programme à l’indicatif de l’Agence foncière sont déjà projetés à ce POS, celle-ci a proposé le même emplacement pour le 5ème site. Pour satisfaire cette demande, il va falloir dénicher une poche foncière libre et sans contrainte.

Des logements LPA aux planteurs pour passer du vœu à l’acte

Plus facile à dire qu’à faire quand on sait qu’une grande partie de ce territoire relève du domaine forestier. Néanmoins, l’Agence foncière connaît si bien ce dossier pour avoir été l’un des organismes, aux côtés de l’OPGI notamment, ayant diligenté une enquête minutieuse sur la nature juridique et les différentes contraintes éventuelles de chaque parcelle de ce site, et ce sur ordre du wali, et de ce fait on peut supposer que ce promoteur public a une idée précise sur l’endroit où il suggère de planter son 5ème paquet LPA. Ce petit détail étant dit, il est intéressant de revenir à l’interview accordée par le wali au Quotidien d’Oran (voir notre édition du 2 janvier 2018) pour mieux comprendre le contexte et la problématique liés à ce dossier. «Dès mon arrivée à Oran, j’ai chargé l’Agence foncière et l’OPGI de mener une étude au sujet des terrains pouvant être récupérés après les démolitions. J’ai en effet requis cette étude car la meilleure façon d’occuper ces assiettes, c’est de les restructurer et les aménager. Je suis très sceptique à l’idée d’un reboisement du site après sa débidonvillisation. Ça fait dix ans qu’on parle d’opération de plantation. Mais où est cette opération de reforestation ? Je suis un amoureux de la verdure et un fervent défenseur de la nature. Je voudrais bien qu’au lieu et à la place de ces horreurs architecturales il y ait une forêt urbaine. J’ai à cœur de voir celle-ci régénérer, renaître de ses cendres. Mais je crois au concret, à l’action. Où est cette opération ? Inama taatou bil maarouf : l’obéissance doit être par la raison. A l’impossible nul n’est tenu. Après déménagement, j’ai demandé à l’Agence foncière de mener une étude pour projeter des petits ensembles immobiliers, du semi-collectif et du collectif pour ré-urbaniser le site. J’étais confronté malheureusement au problème du domaine forestier. Il faut passer par un conseil ministériel. J’ai fait une démarche en ce sens. Les petites poches foncières ne présentant aucune contrainte juridique, elles sont insignifiantes. Il est impossible de convaincre un promoteur immobilier en lui disant : allez venez, je vous donne 500m². Si c’est à meubler, il faut meubler le tout. Pas des petites cases ça et là. On va voir comment donner une suite à ce dossier, surtout avec les promoteurs publics», avait déclaré Moloud Cherifi.

Faire ce qu’on peut faire

«L’option des trois P, le partenariat public-privé, est une sérieuse option. Je suis en train de prospecter une solution de PPP dans le cadre du vieux bâti. La clé du voûte est la suivante : vous avez un vieil immeuble. Vous ramenez un promoteur et vous lui dites : tenez, je mets à votre disposition cette bâtisse. Vous prenez en charge les 4 ou 5 ménages qui y habitent et au lieu de 4 étages, je vous autorise à aller sur 12. Il y a un calcul à faire évidement par le promoteur. Mais je crois que c’est une transaction gagnant-gagnant. Tout le monde y trouve son compte. Voilà une manière de reconquérir le terrain. Il y a deux actions qui peuvent restructurer le vieux bâti : l’action du temps ou l’action de l’homme. On est entre les deux. Mais de là à dire qu’on va s’y attaquer de façon énergique, ce seraient des propos vaniteux», avait encore indiqué le wali.

200 ha dont 3/4 à urbaniser et un 1/4 à sauvegarder

«Reboiser tout le terrain récupéré, ce serait un sinistre retour à la case départ, puisque ce faisant, nous mettrons en place de nos propres mains les conditions favorables à une résurgence du phénomène baraquement. L’idée c’est de restructurer ce secteur, de le ré-urbaniser spécifiquement, tout en respectant ses caractéristiques, ses singularités, dont en prime son entourage immédiat par Sidi El-Houari», avait affirmé par ailleurs le wali, en marge d’une «énième» opération de relogement ciblant un pan de ce site d’habitats précaires. Le wali se voulait pragmatique, loin de l’idéalisme des adeptes de l’écologisme et de la ville verte ainsi que du passéisme des nostalgiques qui se souviennent encore et toujours des jardins et des sources d’eau douce du ravin de Ras El-Aïn, lequel élément structurait jadis une logique d’aménagement basée sur l’activité majeure d’exploitation terrienne, assortie d’activités liées aux moulins, lavoirs et fontaines qui ponctuaient le rythme des pratiques sociales dans le temps et l’espace. Réalisée par le BET Buvor, l’étude du POS qui a été approuvée en 2001, prévoit surtout de meubler les trois quarts de ce périmètre s’étendant sur 203 ha en habitats collectifs et équipements publics, d’aménager un terrain à boiser ainsi que quelques espaces verts et aires de détente et de loisirs, tout en sauvegardant une parcelle de 51 ha, entre patrimoine historique et site naturel.

Source le quotidien d’Oran

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