Azem Nasser eddine. Directeur du logement au ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville

 

On parle de plus en plus de foncier saturé, notamment dans la wilaya d’Alger. Ne craignez-vous pas d’être pénalisé pour les programmes à lancer ?

Le problème du foncier, c’est du passé pour nous. Au niveau des autres wilayas, le problème ne se pose pas. Mais il y a néanmoins des procédures qu’il va falloir respecter pour obtenir du foncier. Parfois, la nature juridique est l’exploitation agricole collective (EAC) ou l’xploitation agricole individuelle (EAI), donc il faudra passer par des procédures particulières pour faire les distractions. Mais quand il s’agit d’un foncier où l’on doit réaliser des programmes d’utilité publique, même si ce sont des terrains privés, on négocie avec les propriétaires pour les indemniser et les récupérer. Alger était un cas particulier pour nous parce que jusqu’à un passé récent, on n’avait pratiquement pas un mètre carré de foncier disponible pour placer nos programmes.

Mais récemment, la stratégie a changé au niveau de la wilaya d’Alger, puisqu’aujourd’hui, on peut confirmer officiellement que pratiquement tout le programme de l’AADL et de l’ENPI sera implanté sur un foncier disponible au niveau d’Alger et sa périphérie. On risque de s’étaler un peu sur Blida ; on est déjà sur cette wilaya sur un programme de 10 000 logements AADL. On est en train de discuter avec les responsables de cette wilaya de celles Tipasa et de Boumerdès, pour essayer de récupérer un peu de foncier pour lancer le programme de la wilaya d’Alger qui est estimé, pour l’AADL, à 90 000 logements et pour l’ENPI à 45 000 logements. Mais je peux le dire aujourd’hui que le problème du foncier n’existe plus pour la wilaya d’Alger. Tout a été réglé.

-Comment se fait-il qu’il n’y ait plus de problème aujourd’hui alors que c’était encore le cas très récemment ?

Je ne peux pas entrer dans ces considérations, mais je peux vous dire que nous avions déposé plusieurs dossiers auparavant au niveau des institutions chargées de mettre à notre disposition du foncier pour la réalisation de nos programmes. Peut-être que la prospection a pris beaucoup de temps ou que les structures concernées n’étaient pas en mesure de mettre à notre disposition ce foncier parce qu’il y avait une pression de la part des EAC et EAI. Mais avec l’arrivée du nouveau wali d’Alger, les choses ont évolué positivement puisqu’il y a déjà un dossier introduit par la wilaya d’Alger pour une distraction de 330 hectares de foncier. Ces programmes sont ceux de la wilaya d’Alger, elle est donc tenue de mettre à notre disposition le foncier pour réaliser des logements destinés à loger sa population.
Nous travaillons sur la même dynamique et nous partageons la même vision. Nous les remercions d’avoir rapidement trouvé les réponses adéquates pour qu’on puisse développer nos programmes de l’AADL, sachant la pression des souscripteurs. Mais nous les rassurons, les financements existent, le foncier aussi et les entreprises ont déjà été consultées. D’ici la fin du premier semestre, nous allons lancer pratiquement 90 000 logements au niveau de la wilaya d’Alger.

-Quelle est la surface dont vous allez disposer ?

Un premier dossier est passé il y a quelques semaines en conseil interministériel, nous avons eu une distraction de 71 hectares. Nous avons un autre dossier déposé au niveau des services du Premier ministre avec l’aval du ministère de l’Agriculture, qui a tout mis en oeuvre pour qu’on puisse bénéficier du foncier correspondant.
Il y a encore un autre dossier pour une distraction de 330 hectares, qui a été traité par la wilaya d’Alger en concertation avec le ministère de l’Agriculture. Nous sommes à l’aise pour dire que nous allons lancer notre programme. L’AADL a déjà lancé 38 000 logements au niveau de la wilaya d’Alger et l’ENPI 15 000 autres. Pour tout le foncier de manière générale et particulièrement à Alger, aucun mètre carré de terrain ne nous est attribué sans l’accord préalable du ministère de l’Agriculture. Je confirme que les responsables de ce département vont mettre à notre disposition un foncier dont le rendement est très faible. Ce sont des terrains qui ne sont pas destinés à être cultivés, pratiquement. Parfois même ce sont des terrains rocheux.

-Pourtant, certaines informations laissent entendre que le nouveau PDAU a été bloqué du fait de son atteinte au foncier agricole…

Le ministère de l’Agriculture est en train de nous accompagner dans notre démarche et de mettre à notre disposition du foncier. Je ne vois pas pourquoi parler de blocage. On ne gère pas l’informel. Il y a une très bonne entente entre les deux secteurs. Il nous est interdit de prendre un centimètre de terrain sans l’aval du ministère de l’Agriculture.S’agissant du PDAU de la wilaya d’Alger, sans entrer dans des considérations de gestion relevant de l’APW, je pense qu’au vu de ce que nous sommes en train de récupérer comme foncier, cela rentre peut-être dans le cadre de la révision de ce plan.

-Il n’y a donc aucun contentieux avec le ministère de l’Agriculture autour de foncier agricole urbanisé ?

Je ne pense pas qu’il y ait des dossiers de contentieux. Le problème qui se pose actuellement, et dont nous sommes conscients, c’est celui du financement de l’indemnisation des exploitants. Je pense que tous les dossiers déposés au niveau du ministère de l’Agriculture ont été traités. Jusqu’à un passé récent, il y avait un problème de prise en charge des indemnisations des exploitants ou des propriétaires terriens. Actuellement, sur dérogation du Premier ministre, les financements sont disponibles et vont être consignés au niveau des comptes Trésor de wilaya pour qu’elles puissent faire face aux engagements pris par l’Etat d’indemniser les exploitants.

-Vous serez donc au rendez-vous pour l’achèvement du programme 2010-2014 ?

Aujourd’hui, nous sommes à un taux de lancement de 85% et un taux de livraison de 63%. Pour 2010-2013, le programme dont on avait la charge était de 2,238 millions de logements, dont 1,898 million ont été lancés fin 2013 (85%).
L’objectif fixé en 2010 était d’atteindre un minimum de 80%. Objectif donc atteint, grâce notamment à la mise en place d’une nouvelle organisation du secteur tant au niveau central que local.  En matière de livraison et par rapport à l’objectif fixé en 2010 qui était de1,2 million de logements à fin 2014, nous avons réceptionné 759 000 logements (63%) à fin 2013. Nous comptons, à fin décembre 2014, atteindre un niveau de 88%. Cela se traduira par la livraison de 1,059 million de logements par rapport à un objectif de 1,2 million.

Quant à ce qui reste à lancer, la décision a été prise par le ministre de l’Habitat de lancer 300 000 logements, soit 15% de ce qui reste du programme 2010-2014 et de lancer en parallèle une partie du programme qui nous a été notifié en 2013 dans le cadre des visites du Premier ministre au niveau des wilayas.Nous avons fixé, en 2014, de reconduire l’objectif de 2013 de lancer massivement 650 000 logements et de dépasser le cap des 250 000 logements prévus en 2013, pour atteindre en 2014 un niveau prévisionnel de livraison de 300 000 logements. Avec cela, nous espérons clôturer le programme 2010-2014 en matière de lancement. En matière de livraison, nous allons chevaucher sur 2015 pour réceptionner la totalité du programme, étant donné qu’une partie sera lancée cette année.

 Source: El watan
Article précédentSKIKDA Un nouveau pôle urbain de 14 000 logements à El-Hadaïek
Article suivantLe logement ruine le marché de l’automobile
Notre rédaction est constituée de simples bénévoles qui essaient de regrouper toute l'information concernant le logement dans un seul et même site